Olive®, un design de rêve au quotidien par Alicia Olivier
Rencontre avec Alicia Olivier, artiste designer et fondatrice d'Olive® : des créations oniriques qui constellent le quotidien d'une fantaisie élégante.
Comment est née Olive® et quelle idée a été le point de départ de cette aventure ?
Mes débuts professionnels se sont ancrés dans la créativité. Durant plus de 9 ans, j’ai collaboré avec différentes marques en qualité de directrice artistique, développant pour elles des identités visuelles à la fois impactantes, réfléchies et innovantes. J’ai constamment cherché à repousser les limites de ma pratique artistique en concevant des expériences immersives et originales. Cette trajectoire a progressivement fait naître en moi le désir de fonder ma propre marque, par laquelle je pourrais offrir une expérience à la fois singulière et authentique. Mon ambition était de créer un univers global, déployé sur l’ensemble des supports, où l’objet physique ne constituerait qu’une facette de l’identité de marque. Néanmoins, ma motivation première reste d’agir concrètement sur notre environnement matériel. Une fois mon parcours artistique suffisamment abouti, j’ai senti que le moment était venu de franchir le pas.
Comment définiriez-vous l’identité de votre marque et la signature de vos créations ?
Ce sont des créations (ir)réelles, qui fusionnent le réel et l’irréel apportant une touche d’onirisme dans la perception de notre environnement. Olive® est une marque qui répond à ses propre règles du jeu en proposant des objets qui racontent une histoire et provoque une émotion.


Quelles influences ou références nourrissent votre travail ?
Mes influences sont toutes les expériences vécues et les émotions ressenties. J’ai également des références artistiques qui nourrissent mon travail. Pour n’en citer que quatre : Pietro Franceschini pour son onirisme, Sabine Marcelis pour son traitement des matières, Simon Porte Jacquemus pour sa capacité à créer des expériences inattendues, et Laurent Grasso pour son anachronisme. Enfin, le cinéma et sa capacité à créer des ambiances envoûtantes me fascinent également.
Comment se déroule votre processus de création, du dessin à la fabrication ?
Il est difficile pour moi de rationaliser l’arrivée d’une idée, mais je vais essayer d’expliquer mon processus de recherche et d’inspiration. Tout commence par une capacité que j’ai acquise malgré moi durant mon enfance : celle de visualiser rapidement, de me projeter mentalement et de construire des mondes détaillés dans mes pensées. Cette capacité a développé chez moi un attrait pour l’onirisme et l’ambiance qui s’en dégage. Mon inspiration provient de tout ce qui m’entoure et m’étonne (la matière, la lumière, les formes, les effets d’optique) mais surtout, elle trouve son origine dans ces mondes imaginaires que je crée et dans lesquels je trouve refuge. Ce qui me passionne, c’est que ce sont des mondes indépendants, évoluant avec leurs propres règles. Les dimensions changent, les textures sont différentes, l’ambiance est palpable, et c’est de ces mondes-là que naissent mes idées.
Ensuite, l’objectif est de faire ressentir cette émotion à travers mes créations, de les rendre réelles. Cela passe par leur apparence, leur forme, le choix de la matière, les finitions. Et tout au long du processus, je veille à respecter mes valeurs éthiques en trouvant des solutions de fabrication responsables.


Vous parlez d’un univers entre le réel et l’irréel — pouvez-vous nous en dire plus sur cette dimension poétique ?
J’adore jouer avec les frontières du rêve et du réel. J’essaie de provoquer les émotions que l’on peut ressentir dans nos rêves ou notre imaginaire. Pour moi, la caractéristique clé d’un monde onirique, c’est ce sentiment d’être persuadé que tout est réel autour de nous, alors même que quelque chose semble clocher. C’est ce léger décalage que je cherche à créer à travers mes pièces.
Je provoque ce sentiment de plusieurs manières : en jouant avec les échelles – le très grand ou le très petit –, en créant des formes inattendues à partir de formes connues, en utilisant des trompe-l’œil, ou encore en travaillant l’absurde. J’aime aussi jouer avec les matières, la lumière et les textures pour créer cette ambiance particulière. Parfois, je cherche à donner l’impression que les objets vont prendre vie, comme si les meubles étaient des personnages endormis. Je pense qu’être designer, ce n’est pas seulement créer des meubles ou des objets. C’est avoir cette capacité à raconter une histoire et à développer une émotion à travers ses créations.
Quelles sont vos aspirations pour la suite d’Olive® ?
Cette année, une nouvelle collection issue d’un tout nouveau concept va bientôt voir le jour, avec tout ce que cela implique : nouveau shooting, collaborations artistiques, nouveaux matériaux et un vernissage totalement immersif à l’image d’Olive®. Cette collection est actuellement en cours de fabrication à quelques minutes du showroom.
Une création à quatre mains est également en préparation, avec une nouvelle matière que je suis impatiente de dévoiler. Mon objectif est qu’Olive® ne propose plus que des créations fabriquées en France, et le plus localement possible. Dans cette démarche, j’aimerais notamment développer une nouvelle création en aluminium.
Enfin, à long terme, j’aimerais avoir la possibilité d’aller au bout de ma démarche artistique en créant un espace dédié qui propose une expérience immersive et unique.


Avez-vous une pièce ou un projet particulièrement cher à votre cœur ?
C’est très difficile de choisir car chaque création a demandé une attention particulière et raconte sa propre histoire. Néanmoins, si je devais parler d’un objet en particulier, ce serait la chaise Tubes. Les codes de l’onirisme sur cette pièce me touchent particulièrement : les dimensions choisies ne sont pas habituelles mais cela ne se voit pas au premier regard, on ne sait pas si elle est en plastique, en métal ou en bois, les couleurs sont intenses et vives tout en restant douces. On dirait qu’elle va prendre vie et partir en marchant. J’aime aussi la combinaison du tissu et du métal, et le fait que différents volets de l’artisanat (métallurgie, tapisserie et peinture) se mettent au service d’un même objectif. Elle a cette capacité à être utile tout en étant décorative. Ses lignes m’inspirent tellement que je l’ai déclinée en tabouret et en chaise de bar.
La nouvelle collection qui arrive me touche également beaucoup, pour plusieurs raisons : elle représente une certaine maturité artistique et elle est entièrement fabriquée en France (à quelques minutes du showroom).
Crédit photo en Une © Photo : A. Di Francesco / AD : Alicia Olivier
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