Margaux Avril, touche-à-tout
Margaux Avril a autant de facettes que de talents. Musicienne, photographe mais également icône mode, la créativité de la jeune femme s'exprime sans limite et sans filtre. Entretien.
Margaux, nous vous suivons depuis vos débuts dans la musique (voir notre article – ICI-). Vous faites de la musique, de la photo, vous êtes tout aussi intéressée par la littérature, le cinéma, la mode et les voyages… Comment vous définiriez-vous ?
Comme une curieuse et une passionnée plutôt polyvalente. J’aime ne pas avoir à me cantonner à un seul domaine d’expression. J’aime apprendre, découvrir et approfondir. Je me nourris de nouveaux projets et de collaborations. J’ai besoin d’être stimulée en permanence.
Dans quel environnement avez-vous grandi ?
Dans un univers et une famille plutôt artistiques, puisque mon père et l’une de mes sœurs sont architectes, et mon autre sœur est design director. C’est plutôt ma maman qui m’a initiée à la musique en jouant au piano et en m’inscrivant au conservatoire. La musique était omniprésente, il y en avait toujours chez nous, qu’elle vienne des chambres de mes sœurs, du salon ou de la radio dans la cuisine…
Enfant, que rêviez-vous de faire ?
Plein de choses ! Je voulais être comédienne mais également psychologue, et aussi styliste. Et puis surtout, vraiment, je voulais être chanteuse…
Quelle a été votre éducation par rapport à l’artistique, la créativité ?
Comme je vous le disais, j’ai eu la chance de grandir dans une famille très sensible à l’art, à la création, à l’esthétique. Mon père photographiait tout : ses voyages, nos moments en famille, l’architecture… Il y avait une multitude de cadres dans les couloirs et j’y passais des heures à imaginer toute l’histoire autour de ces instants capturés. Mes sœurs m’ont aussi beaucoup influencée artistiquement. Elles ont suivi des études d’art (architecture et set design) donc j’ai grandi avec leurs différents projets d’école et de diplômes. A l’époque, je dessinais beaucoup. Et puis j’ai pris assez tôt des cours de théâtre, de piano, de solfège. J’écrivais beaucoup dans mon journal intime : des petites poésies et des chansons. J’avais besoin de chanter, de jouer, de créer.
Racontez-nous ! Comment êtes-vous venue à la musique ?
J’ai commencé tôt en étant au conservatoire pour des cours de solfège, chorale et théâtre. J’ai aussi suivi des cours de piano, à la maison, pendant 6 ans à peu près. Je rêvais d’être chanteuse mais n’osais pas vraiment aller jusqu’au bout de cette envie. Pour être honnête, j’étais trop timide. Quelques années plus tard, je me suis surtout consacrée à la photographie, et j’ai rencontré Tristan Salvati qui a vraiment enclenché le processus de création musicale avec moi. Avec lui, j’ai commencé à enregistrer des maquettes. Nous les avons postées sur Noomiz, une plateforme Internet qui met en relation artistes, public et professionnels de la musique. Nous avons été merveilleusement accueillis par les internautes qui nous ont permis d’être classés numéro 1 du top pendant plusieurs mois. Nous avons ensuite été contactés par de nombreux labels et nous avons fini par signer chez Capitol / Universal.
Votre approche de la musique a évolué depuis le 1er album. Vous êtes maintenant autoproduite…
J’avais besoin d’affirmer davantage ma personnalité, et cela passait par une émancipation musicale. Je pense que le fait de ne plus être en major m’a aidée à me libérer de certaines attentes et de certaines limites. J’ai, depuis, une liberté de mouvement qui me permet de rapprocher ma musique de ce que j’aime et de qui je suis. J’ai la chance d’avoir un entourage créatif avec qui je travaille presque quotidiennement (sur le son, l’image, etc). Monter une équipe, la stimuler, l’écouter aussi, avoir de nouveaux enjeux, pratiquement tout faire soi-même en direction artistique… Cela donne aussi une autre saveur au projet. Surtout qu’aujourd’hui les nouvelles technologies nous permettent de faire beaucoup de choses qui n’auraient pas été possibles il y a encore dix ans en terme de production, promotion, création… Mais évidemment je ne suis absolument pas contre le fait de retravailler un jour avec une structure plus importante. J’aime définitivement œuvrer en équipe. Mais je pense qu’il est important de collaborer – particulièrement dans ce métier – avec des gens avec lesquels nous sommes réellement en totale affinité.
Vous écrivez les textes. Comment vous plongez-vous dans l’exercice de l’écriture ? Avez-vous construit un processus autour de cet exercice ?
Malheureusement pas vraiment. Je suis encore dans un processus très spontané. J’ai du mal à écrire sur commande. J’ai besoin d’avoir une inspiration, un élan. Cela peut être une conversation, l’histoire de quelqu’un, un sentiment. C’est dur de ne pas tourner en rond lorsque l’on parle de soi, c’est dur aussi de savoir quelle est la limite avec la pudeur car – chose assez contradictoire avec le métier que je fais – je suis assez pudique… Il y a donc pas mal de textes que j’écris et qui restent seulement dans mon carnet. Mais cela doit faire partie de l’exercice d’introspection. J’aime surtout coécrire car ce processus de construction et d’échange avec quelqu’un est encore plus stimulant et sûrement plus rassurant pour moi. J’ai beaucoup de mal à savoir quand m’arrêter quand je travaille seule, je n’ai pas assez de recul sur mon travail pour savoir quand quelque chose est bien ou à mettre à la corbeille.
Vous faites le choix de chanter en anglais. C’est dû à votre double culture franco-américaine ? À des envies d’ailleurs ?
Oui, pour moi chanter en anglais est tout aussi légitime qu’en français. Cela faisait longtemps que j’en avais envie. La voix se place différemment, l’écriture aussi. C’était l’occasion, avec un nouveau projet et une autoproduction, d’aller vers cette nouveauté dans laquelle je pense me sentir finalement plus à l’aise. Des envies d’ailleurs… Oui aussi sûrement ! J’adorerais que ma musique puisse davantage traverser les frontières, et moi avec.
Vous avez pris votre temps entre votre premier album et ce nouveau titre ? Qu’avez-vous fait ces trois dernières années ?
J’ai tout d’abord mis du temps à comprendre et accepter qu’il faille que je tourne la page du premier album et qu’il faille que j’écrive à nouveau. J’ai un peu eu le syndrome de la page blanche. Commencer un deuxième « objet » – car j’aime appeler un disque ainsi – était difficile. J’avais une appréhension sans bornes pour l’accueil qu’on allait lui faire… Et puis j’ai rencontré beaucoup de musiciens incroyablement talentueux, gentils, patients, qui m’ont aidée pendant cette période à essayer des choses, à apprendre sur moi-même et le métier. J’ai fait beaucoup de titres avec eux (en français) dont je suis très fière et que j’arriverai à faire vivre d’une manière ou d’une autre, je l’espère.
La photographie tient aussi une place importante dans votre vie. Comment combinez-vous tous ces talents, toutes ces passions ? Car il y a la mode aussi…
Encore une fois – je me répète mais c’est réellement ce en quoi je crois ! – c’est une question de passion et de spontanéité. Les choses viennent ainsi car j’y suis très ouverte et que je les manie avec sincérité et beaucoup d’amour. J’ai une envie débordante d’approfondir tout cela. Sans prétention aucune ! Je dirais que cela se combine assez naturellement.
Quel est votre quotidien ? A quoi ressemblent vos journées ?
Ouh là là ! J’ai la chance de ne pas avoir un quotidien réglé comme du papier à musique, ce qui, néanmoins, peut être embêtant pour s’organiser… Mais j’ai des journées qui souvent ne sont pas les mêmes deux jours de suite. Cela dépend de mes actualités. Il y a des shootings, des journées en studio, des journées à droite, à gauche, pour des rendez-vous, des journées où je travaille de chez moi… C’est un mode de vie vibrant, qui me permet beaucoup de rencontres et de découvertes. Et j’adore ça.
Qu’est-ce qui vous anime ? Vous passionne ? Et vous donne envie de vous lever le matin ?
Je dirais que c’est de donner vie à ce qui m’interpelle. Le donner à voir, à écouter. J’aime avoir à présenter des choses, même si la démarche, en soi, est très difficile. J’ai mis beaucoup de temps avant d’assumer mon travail photographique et de me faire un site. Et pour la musique, j’attends souvent le « coup de cœur » avant d’être sûre qu’un titre est le bon. Mais j’aime la continuité de l’inspiration et de la création. J’aime me nourrir d’images, de mots, d’univers, d’ambiances, et en créer à mon tour.
Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail ?
Tout ce que cela m’apporte : les rencontres, les collaborations, les découvertes, l’apprentissage permanent, les voyages, les introspections, la nouveauté. Le fait d’avoir l’esprit ouvert, d’être sans cesse interpellée. Et puis aussi, surtout, quand je découvre que je fais du bien à des gens avec ma voix, mon regard ou mes mots.
Qu’est-ce qui est le plus difficile ?
Souvent douter, donc avoir peur et la difficulté à se projeter. Ainsi que l’appréhension de l’accueil, de la réception d’un projet.
Quels sont les sujets que vous préférez photographier, ceux qui vous inspirent le plus ?
Je n’ai pas un sujet particulier… Quoiqu’en ce moment ce serait peut-être les rayons de lumière. Mes séries se créent un peu d’elles-mêmes car ce sont des sujets qui m’interpellent régulièrement spontanément – sans que je ne le mette en scène ou que je l’anticipe. Je crois que l’une de mes préférées est celle des lits. J’aime surtout photographier une ambiance, un instant, une harmonie de couleurs, de formes. Un regard ou un geste. Ce que je considère comme de la poésie, notamment du quotidien.
Quels sont vos prochains projets ? Ou un sujet que vous n’avez pas encore abordé et qui vous tient vraiment à cœur ?
Tout d’abord aboutir cet EP sur lequel je travaille, peaufiner mon portfolio… Et je commence tout juste à également travailler pour Vestiaire Collective, la plateforme la plus inspirante de mode de luxe de seconde main, en tant que head of social. C’est une nouvelle aventure géniale à travers laquelle je peux associer ce que j’aime : la direction artistique, l’éditorial, la mode et les réseaux sociaux !
Quels sont vos rêves pour l’avenir ?
De réussir à être là où je me vois dans quelques années, ce qui joue tant sur le plan professionnel que personnel car pour moi les deux sont plutôt liés. Je rêve en tout cas de bosser avec des gens que j’aime et que j’admire, traverser les frontières (à tous les points de vue), étendre mes connaissances et mes expériences, d’être le plus possible auprès de ma famille. Je rêve pour l’avenir d’un climat plus paisible, d’esprits plus ouverts, d’initiatives plus faciles à prendre, d’idées plus faciles à faire exister.
Retrouvez cette recette ainsi que 2 autres recettes exclusives dans le
Volume 2 des Confettis, à télécharger gratuitement.
Photos © Guillaume Le Chat
À suivre
Fantine et Simon : Street Love Art