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Kei Lam : des illustrations qui donne le smile !

Grande observatrice, Kei s’imprègne de son environnement et de détails du quotidien pour en faire des dessins d’une infinie tendresse,

Le 13 février 2017

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Grande observatrice, Kei s’imprègne de son environnement et de détails du quotidien pour en faire des dessins d’une infinie tendresse, colorés et remplis d’humour. Parfois décalés, son écriture artistique n’en demeure pas moins poétique et drôle. En un trait de crayon, elle illustre ses ressentis et états d’âme. C’est comme ça qu’elle a toujours fonctionné, nous dit t-elle. Aujourd’hui,en tant que membre du tout jeune collectif Jaune Cochon, elle compte parmi ses collaborations la revue XXI, le journal Erratum mais aussi notre revue ! Son travail est pour nous un vrai coup de cœur que l’on souhaitait partager. Kei revient avec nous sur son parcours, ses projets et ce qui la passionne.

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Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Née à Hong Kong, je suis arrivée à Paris à l’âge de six ans. Je vis à Montreuil et je travaille en tant qu’illustratrice freelance depuis quelques années.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Scientifique à la base, j’ai fait les classes préparatoires pour intégrer l’Ecole des Ingénieurs de la Ville de Paris. J’ai travaillé plusieurs années comme ingénieure en aménagement urbain. Je concrétisais des projets d’espaces publics en collaboration avec des architectes, des urbanistes et la collectivité territoriale. Depuis 2015, j’ai décidé de suivre ma passion, le dessin, de réaliser un roman graphique et de me lancer dans une carrière d’illustratrice.

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Comment décririez-vous votre univers, votre style ?
J’adore détourner les scènes de la vie quotidienne. Grande gourmande, j’aime dessiner la nourriture, la nature, les animaux, les paysages, les gens… Je dirais qu’il y a une forme de légèreté, de gaieté et de malice qui se dégagent de mes dessins. Je prends énormément de plaisir dans mon travail et je pense que ça se ressent.

Quel message voulez-vous faire passer à travers les illustrations ?
Le dessin est un langage à part entière pour moi, c’est comme ça que je m’exprime. Ce qui m’attire surtout c’est son aspect universel et le fait qu’on puisse toucher les gens avec deux trois coups de crayons. Dans ce monde qui est le nôtre, incertain et rapide, j’essaye de capturer une ambiance, des moments suspendus. Peut-être que je veux inciter les gens à rêver et à avoir un autre regard sur notre monde tout simplement ? Dans mon projet de roman graphique autobiographique, qui sera édité en 2017, les enjeux sont autres. Je raconte l’histoire d’arrivée en France de ma famille et j’aborde des messages plus personnels et beaucoup plus intimes : le déracinement, la quête de soi, la différence.
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Existe-il des différences, des spécificités dans vos illustrations par rapport au dessin, au graphisme ou à la BD ?
Ce qui me fascine avec le dessin, c’est que ses codes sont divers et variés. A chaque nouveau projet, j’utilise un matériel ou un support différent. Je n’ai vraiment pas la même approche lorsqu’il s’agit d’un roman graphique, d’un dessin contemporain, d’un dessin de presse ou d’un dessin publicitaire. Un dessin croqué sur mon carnet reste de l’ordre de l’intime alors qu’un dessin dans une revue est destiné à un public. Je dirais qu’il faut dans tous les cas trouver le bon équilibre : la composition de l’image et le rapport à l’autre.

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A quoi ressemblent vos journées ?
Lorsque je ne suis pas avec mon éditeur, mes clients, chez l’imprimeur, à me documenter en librairie, à me rendre aux expositions ou évènements liés au dessin et l’illustration, je passe mes journées en solitaire, à travailler devant mon ordinateur et à écouter la radio. Ayant longtemps travaillé en équipe, j’avais un peu peur de cet isolement que demande une discipline mais, j’apprécie ces moments. Je me sens heureuse et libre. J’aime aussi retrouver mes copains illustrateurs, à notre atelier Jaune Cochon, situé à la Butte aux Cailles à Paris.

Qu’est-ce qui vous touche, vous illumine dans la vie ?
Mes goûts et ma sensibilité évoluent au fil du temps. Je suis très attirée par le cinéma, les documentaires et les courts métrages. La nature me surprend et m’émerveille sans cesse.  Récemment j’ai été touchée par le travail de Bernie Krause que j’ai découvert à la Fondation Cartier. Krause, musicien américain, a passé cinquante ans de sa vie à enregistrer des sons de la nature et des animaux, dans le monde entier et en a fait une symphonie.  Ça me rassure énormément de savoir qu’il existe des gens capables de se lancer à bras le corps dans des projets improbables uniquement parce qu’ils ont une conviction profonde et une énergie pour le faire. J’ai beaucoup d’admiration pour ces personnes passionnées et engagées.

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Est-ce qu’il y a eu des rencontres déterminantes ou marquantes ?

Bien sûr. Tous les gens que je n’ai jamais côtoyés mais que j’admire, qui m’inspirent par leurs personnalités, leurs œuvres. Après, il y a mes amis et mes relations professionnelles qui me font évoluer et progresser. Et enfin, je reprends la citation de Victor Hugo « il y a ceux que l’on croise, que l’on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi-heure et changent le cours de votre vie ». Je dirais donc que ce n’est pas une rencontre particulière mais mille qui font de nous ce que nous sommes aujourd’hui.

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D’où tirez-vous votre inspiration ?
Je crois que l’inspiration est partout. Dans les musées, quand on regarde  un tableau de Van Gogh ou une robe de Dries Van Noten. Dans les séries, les films, les livres, le quotidien. J’aime bien me laisser surprendre. Une des dernières BD qui m’ait marquée est “Vive la Marée” de Davie Prudhomme et Pascal Rabaté. Le scénario est fantastique et il y a une justesse dans les personnages. Récemment, j’ai vu le tableau de Gauguin « Quoi ? Tu es jalouse ? » et j’ai été complètement happée. Cela dit, si je pouvais rencontrer Marjane Satrapi, Xavier Dolan ou Cédric Klapish, j’en serais très heureuse.
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Est-ce que vous pouvez nous parler de votre actualité ?
En ce moment, j’expose une petite série d’illustrations dans une boutique à Montreuil, les Tatas Flingueuses, où je mets en scène le rapport entre les habitants et leurs lieux de vie. Comme le dessin, ces projets sont des prétextes pour me plonger dans des univers que je ne connais pas et d’apprendre pleins de nouvelles choses. Je viens tout juste de terminer un projet d’illustration origami. J’avais envie d’essayer l’illustration en volume et de voir des enfants s’approprier mes dessins. J’ai donc conçu un set d’origami avec différents motifs sur la thématique la jungle.

Quels sont vos projets à venir ?
Pour 2017, j’ai des projets d’édition. Je vais finir mon roman graphique et j’ai envie de développer un projet d’un album jeunesse sur la thématique de la piscine et de l’eau. J’aimerai avoir plus de commandes sur des projets engagés. En ce moment, j’illustre un projet d’éco-tourisme pour une association. J’aimerais rencontrer et collaborer avec des personnes dans le développement durable au sens large du terme : écologique, économique et social. C’est ma façon à moi de m’engager.

Retrouvez son travail sur www.keilam.fr
Et dans LES CONFETTIS Volume 2