Rencontre avec le duo de l’Atelier BINGO
Découpant des motifs à même la couleur, scannant et retravaillant au gré de l'inspiration, la sérigraphie e leur médium. Bingo ! Leur atelier est né ! À quatre mains, leur créativité prend alors son envol. Rencontre dans leur maison/atelier.
Pouvez-vous vous présenter ?
Adèle Favreau : Je suis originaire de Cholet. À Paris, j’ai longtemps travaillé en tant qu’agent. Je cherchais des créatifs, des photographes, des illustrateurs, puis je suis passée dans le monde de l’édition. Ensuite, on a débarqué ici, avec Maxime. On s’est rencontré à l’Ecole de Communication Visuelle. On était colocataire et dans la même promo donc on savait comment vivre ensemble avant même d’être ensemble dans la vie !
D’où vient votre nom « Bingo » ?
Maxime Prou : Le mot « Bingo » vient du nom d’un chien qui vivait ici, un berger allemand. Lorsqu’on vivait à Paris, et qu’on parlait de l’atelier, on disait « l’atelier de Bingo ». Finalement, le chien est parti et maintenant, on a le nôtre. Il s’appelle Donut. Et le bingo, c’est le jeu du hasard. On travaille beaucoup comme ça, en superposant des couches. On laisse la technique de la sérigraphie agir toute seule, avec parfois des accidents mais c’est souvent ce qui devient intéressant.
Adèle : Quand on travaille ensemble, il y a toujours un moment où « bingo », on tombe d’accord sur l’image qu’il nous faut. On ne sort jamais d’image si l’un de nous n’est pas d’accord.
Justement, comment a commencé votre collaboration ?
Maxime : On avait deux univers totalement différents. Ça ne collait pas du tout. On est venu ici en voulant faire quelque chose ensemble, c’était la seule contrainte qu’on avait.
Adèle : Au début, on pensait faire un studio de graphisme. On s’est dit : « On va à la campagne, on va faire des affiches pour les trucs dans le coin ». On voulait créer un studio et faire de la sérigraphie. C’est la technique de la sérigraphie qui nous a orienté vers l’illustration. Ça nous plaisait tellement que c’est ce qu’on a développé.
Comment fonctionne votre duo ?
Maxime : Je m’occupe de la partie technique de la sérigraphie. Il y a beaucoup d’étapes et comme je m’en occupe depuis le début, je suis un peu plus rapide. C’est compliqué de gérer ça à deux, il y a un côté très méthodique. Au niveau de la création, c’est vraiment tous les deux. Si je fais un visuel tout seul, je le fais à partir de formes et de textures créées par Adèle. Quand l’un de nous fait un visuel, il y a toujours l’autre qui arrive à la fin pour créé le moment BINGO (rires). En revanche, il y a un truc que je ne fais pas du tout et qu’Adèle fait quand même pas mal, c’est lire les mails.
Adèle : Maxime n’ouvre jamais sa boîte mail ! Il en a horreur. Comme on travaille beaucoup avec l’étranger et que Max ne parle pas anglais…
Comment vous êtes vous retrouvés ici ? Est-ce que cela part d’une envie de quitter Paris ?
Maxime : À la base, c’est le lieu qui nous a vraiment plu. A Paris, on n’avait pas de logement fixe. On se promenait avec nos sacs à dos. J’ai toujours vu Paris comme une étape transitoire. Même si on avait un boulot, des amis, on a eu un véritable coup de cœur pour ce lieu. Le lieu, pas forcément la campagne !
Adèle : Après nos études, on voulait partir vivre à Bruxelles. On adorait tous les deux cette ville. Mais ma sœur partait de la capitale et nous laissait son appart. Max a trouvé un boulot et on s’est un peu posé. Quand ma sœur est revenue, ça a été le moment pour nous de chercher autre chose et de changer d’environnement.
Comment décririez-vous votre univers ?
Adèle : Coloré et instantané. On ne veut pas conceptualisé notre travail.
Maxime : C’est expérimental, instinctif et libre. On ne se pose pas trop de questions. On fait un gribouillis, et si ça nous plaît, on l’imprime. On n’a plus de complexes sur ce que l’on fait.
Vous en aviez au début ?
Maxime : Au début, oui ! Quand tu commences à faire des ateliers, des festivals où tu sérigraphies en direct, quand tu dessines devant les gens ou quand tu fais des portes ouvertes, tu as tendance à avoir plus de complexes et à te poser plus de questions. Maintenant, plus du tout ! Je pense que c’est dû à l’univers qu’on a mis en place. Aujourd’hui, ce qui est difficile, c’est de revenir au graphisme pur, de composition, de typographie. On ne compose pas une image de la même manière quand on fait une affiche ou la mise en page d’un bouquin.
Quelles sont vos influences ?
Maxime : On aime tout ce qui se faisait dans les années 50. L’art visuel, et surtout ce qui se faisait en terme de graphisme dans l’édition jeunesse. A cette époque, les graphistes travaillaient beaucoup le papier découpé, le collage. Autrement, j’ai énormément travaillé sur les pochettes de jazz des années 60. Après il y a des artistes qu’on apprécie comme le Tampographe qu’on trouve très drôle. Il a créé son propre médium. C’est fascinant.
Adèle : Depuis qu’on est installé ici et que l’Atelier Bingo existe, on achète beaucoup plus de livres sur les artistes peintres. Par exemple, j’adore le travail de Sonia Delaunay. Mais on a créé notre univers de notre coté. On a fait notre truc, on a testé des choses.
Comment vous organisez-vous entre le travail personnel et les commandes ?
Adèle : C’est selon les projets et le temps que l’on a.
Maxime : On a une vie d’indépendants. On a la chance d’avoir notre propre rythme. On peut avoir une réunion avec les voisins un soir, finir à trois heures du matin, se réveiller tard le lendemain et se mettre directement à travailler.
Être un couple, vivre et travailler ensemble, est-ce compliqué ? Est-ce que chacun a son rôle ?
Maxime : Non, on n’y arrive pas ! On est un couple, des collègues, tout, tout le temps. De mon côté, j’ai un vilain défaut, j’ai tendance à ne pas trop communiquer.
Adèle : Il faut que je le comprenne. Chaque semaine, on fait un apéro tous les deux pour parler d’autre chose. Mais on revient vite au boulot !
Pour en revenir à vos créations, comment justifiez-vous la place de la couleur ?
Maxime : Ça vient de la sérigraphie. Ce qui est amusant, c’est d’entasser des couches. Si on fait ça avec du noir, on ne peut pas faire de transparences. On place des écrans, les uns sur les autres, en changeant de couleur et voilà !
Aujourd’hui, cherchez-vous un nouveau projet ?
Adèle : Non. Après s’il y a de nouveaux projets qui arrivent, on verra. On rêve d’un atelier de gravure. J’aimerais bien avoir mon propre atelier de céramique.
Maxime : Le but c’est quand même d’en avoir tout le temps. En ce moment, j’ai envie d’arrêter les commandes et de me consacrer au travail personnel !
Retrouvez l’intégralité du sujet dans la revue Les CONFETTIS, Volume 1.
Photo en Une ©François Rouzioux
À suivre
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