Talents

Ben Mazué, un artiste
qui parle à tous

Ben, vous décrivez les femmes dans cet album mais aussi dans les précédents. On pense à la femme du titre

Le 17 septembre 2017

Ben, vous décrivez les femmes dans cet album mais aussi dans les précédents. On pense à la femme du titre « 35 ans » ou encore à celle qui vous annonce que vous allez être papa dans « Papa ». Chez nous, on parle beaucoup d’aspirations et d’inspirations féminines. Selon vous, qu’est ce qui anime ces femmes que vous décrivez ?

Je ne sais pas si je peux me permettre de parler des femmes en général. Souvent je parle d’une femme, et je me dis que des gens se retrouvent dans ce que je vois.  Sur La femme idéale, je pense que c’est très générationnel. En fait, elle ne veut renoncer à rien. Elle veut tout faire. Contrairement à leur mère, elles peuvent le faire. C’est un peu la première génération de ces femmes que je décris. Mais c’est pareil pour les hommes. Nous on s’occupe beaucoup plus de nos enfants que ce que nos pères ont pu faire. Donc pour répondre à ta question, ce qui les anime c’est peut-être de maintenir cette nouvelle chance qu’elles ont d’avoir toujours le choix. Et c’est finalement ces choix multiples qui rendent leur vie plus compliquée mais plus riche aussi. Mais ça reste difficile, je le sais bien. Parce qu’elles ont un modèle de parentalité des générations d’avant et parfois elle se disent qu’elles sont des mauvaises mères. Alors que nous, qui sommes la première génération des hommes du partage de tâches, on a l’impression d’être les nouveaux héros par rapport à nos pères qui foutaient rien.


Vous avez appelé cet album« La femme idéale » alors qu’en l’écoutant, on ne ressent pas le sujet de cette femme comme étant le fil rouge de vos titres. Pourquoi l’avoir appelé ainsi ?

Non, c’est vrai…mais en fait je l’ai appelé comme ça parce que je trouve ça joli et que faut pas toujours chercher du sens partout tout le temps. Mais quand même, moi je trouve que le fil rouge, c’est un peu la femme que je décrivais avant. Mais aussi, cette femme idéale c’est un peu moi. L’idée de pas renoncer, de pas faire des choix. Parce que je trouve ça joli de mettre un visage masculin sur l’album et d’appeler ça la femme idéale. Parce que dans ma manière d’appréhender la parentalité, j’ai une approche très féminine. En fait, je me cale beaucoup plus sur les méthodes de ma mère plutôt que celles de mon père pour élever mes enfants. Donc pour toutes ces raisons, je trouvais que la femme idéale c’était un joli nom.

Et cette femme que vous décrivez dans vos différentes chansons, est ce que c’est la même ?

Non, c’est plein de femmes différentes. Et parfois j’invente des personnages mais je veux être sûr que ça parle au gens. J’essaie de trouver les éléments symboliques des femmes que je décris.

Nous, en vous écoutant, on a parfois l’impression que vous décrivez ces femmes en les plaignant. En tout cas en mettant en avant davantage leurs contraintes et leurs conditions que le bonheur que peut procurer leur vie. Qu’est ce que vous en pensez ?
Oui c’est vrai. Je trouve ça très difficile d’être une femme. Mais c’est vrai pour l’ensemble de mes chansons ce que tu dis. Globalement ma musique, c’est quand même rarement sur le bonheur. Je vais pas me citer mais quand même un peu. J’ai une chanson qui dit :

Autant la douleur 
Me fait trouver des mots sensés 
Des phrases pour faire éclore la peine et l’éteindre 
Autant le bonheur 
Ne fait que sonner, sonner 
Des mots qui ne servent que pour t’étreindre

Et en fait c’est ça. J’écris pour faire éclore la peine mais pour mieux l’éteindre. Le bonheur, j’ai pas du tout envie de l’éteindre donc j’en parle pas.  J’écris sur ce qui me tiraille et le bonheur ça me tiraille pas du tout sauf dans la liesse et lovée qui est le seul morceau sur le bonheur. Mais maintenant que je commence à écrire pour d’autres artistes, je me mets à composer des choses plus réjouissantes comme le voyage, comme l’évasion. Ça me fait du bien mais mon projet à moi, je parle de ce qui me tiraille.

Et est ce que l’arrivée de vos enfants a changé votre façon de faire votre métier d’artiste ?
En fait, artistiquement, j’existais pas avant. Ce que je faisais, ça partait dans tous les sens. D’ailleurs mon premier album, on le ressent bien comme ça. Le fait d’avoir eu des enfants, je pense que ça m’a beaucoup responsabilisé et donc permis d’assumer mon propos artistique. Avant je m’excusais de tout. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus fier de ce que je fais en général et je pense que y’a peut-être un lien avec leur arrivée dans ma vie.

Un artiste à retrouver aussi dans Les CONFETTIS, Volume 3 disponible mi-octobre.

www.benmazue.com

Photo © Martin Lagardère