Rencontre avec Véra Kempf, lauréate du Bold Woman Award by Veuve Clicquot

Félicitations pour votre prix Véra ! Le Bold Woman Award by Veuve Clicquot valorise l’entreprenariat au féminin audacieux et vous a été décerné. Vous considérez-vous comme une entrepreneuse dans l’âme ?
Entrepreneur, c’est un trait de caractère qui se cultive, alors oui. Je pense que j’ai toujours eu cette inclinaison, que j’ai mis au service de mes différents projets.
Mes projets de vie pour commencer comme lorsqu’à 16 ans je suis partie vivre 1 an à Berlin pour apprendre l’allemand ; ou lorsque j’ai cherché un acteur local sur le continent africain pour lequel travailler afin de comprendre de l’intérieur les enjeux du développement économique du continent.
Pour mes projets associatifs ou de vie en collectivité, j’ai toujours été engagée pour « réaliser » des choses (cela remonte au lycée et cela m’a suivit au collège puis à SciencesPo). C’est un mix de leadership et de doer. Et à un moment, de rêver grand.

Je pense que le premier symbole de la concrétisation de ce tempérament c’est, à 13 ans quand j’ai été élue pour représenter mon collège au Conseil Général des Jeunes de la Savoie. On avait un budget de 150 € pour réaliser un projet pour notre collège. Je ne trouvais rien d’exceptionnel à faire avec ce montant. J’ai eu envie de faire venir une auteure pour la jeunesse dans mon collège de Savoie, pour ouvrir au monde, à la lecture, et créer une expérience particulière. Pour faire venir Susie Morgenstern, j’ai monté un partenariat avec la médiathèque de Chambéry, une librairie locale et demandé une rallonge à mon Directeur. Cela m’a pris 6 mois de plus pour réaliser le projet, mais je l’ai fait, on a eu des articles, et des amis m’en parlent encore aujourd’hui. Cela m’a donné envie de faire des choses comme ça toute ma vie ! Une vraie addiction est née dans cette révélation que j’étais capable de sortir à ce point du quotidien pour créer.

Vous êtes la cofondatrice de Singulart, une galerie d’art contemporain et de design en ligne, véritable game changer dans le secteur. Quelles ont été les différentes étapes du développement de Singulart jusqu’à aujourd’hui ?
La première étape a été la rencontre avec mes associés en 2016 puis notre levée de fonds décisive en 2017. Toujours la même année, nous avons donc procédé au lancement de Singulart en trois langues avec 150 artistes en collaboration. En mai 2020, l’entreprise a levé 10 millions d’euros en série A puis 60 millions d’euros en série B en novembre 2021. Ce sont les étapes fondamentales selon moi.

Quel regard portez-vous sur la digitalisation du marché de l’art d’ailleurs ?
Avant le Covid, on me disait qu’il était impossible d’acheter une œuvre d’art sans l’avoir vue. Depuis, le discours n’est plus le même et c’est tant mieux.

Vous avez gagné le prix Bold Woman Award by Veuve Clicquot. Qu’est-ce que cette récompense vous inspire et représente pour vous ?
Je suis d’abord honorée et fière. Et bien sûr surprise, car je ne m’attendais pas à recevoir ce prix. Comme l’a dit Sophie Fontanel, nous appartenons à la grande famille de l’audace. Gagner cette distinction m’a donné l’impression que je suis la tête d’affiche de cette grande famille pour 2022, c’est un grand honneur. Et du coup je me suis dit : « Qu’est-ce que l’audace ? En quoi suis-je audacieuse ? Comment continuer à l’être demain, après-demain, l’année prochaine – car c’est une qualité qui fait avancer dans la vie ? » Gagner un prix personnel, qui soit lié à moi et pas à ma boite uniquement, cela oblige aussi à sortir de l’ombre. Des lauréates du Bold Woman Award by Veuve Clicquot d’éditions précédentes me l’ont dit, on devient un un rôle modèle. Les femmes lauréates de ce prix sont incroyables, je m’inscris vraiment dans une « lignée » inspirante. Comment utiliser ma voix pour porter les messages qui me semblent importants ? C’est la question que je me pose aujourd’hui.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes entrepreneures mais également aux femmes artistes ?
On a toujours des moments de doute, de creux et d’énergie plus basse. L’important, c’est de trouver des petits trucs au quotidien ou dans l’année pour se rebooster. Car, rester motivée ou habitée par son projet reste l’enjeu principal de la résilience, il me semble.

www.singulart.com