La success story Rose In April
Retour sur l'histoire de Rose In April, la marque d'accessoires et de décoration pour enfants qui séduit toute la famille. L'occasion de revenir sur cette grande aventure avec la fondatrice Élodie Mulliez.
Élodie, vous êtes la créatrice derrière le label Rose in April. Fondée en 2012, la marque propose des objets de décoration et du mobilier à destination des chambres d’enfant. Aujourd’hui, Rose in April est une référence dans l’univers kids. La création de la marque répondait-elle à une frustration que vous aviez à l’époque ? La jeune maman que vous étiez désirait-elle autre chose que ce qu’elle voyait dans les magasins de décoration pour enfants ?
Au tout départ, quand j’ai commencé à préparer la chambre de ma fille Rose, j’ai cherché du mobilier vintage enfant. J’ai trouvé que c’était compliqué, je n’avais pas beaucoup de temps pour chiner, réparer, nettoyer et surtout que les couleurs de l’époque ne s’associaient pas forcement avec la déco plutôt colorée que je voulais pour la chambre de ma fille. C’est là qu’est née l’idée de départ : créer une marque de réédition de mobilier vintage dans une gamme de couleurs très gaie inspirée des marques comme Hay, Ferm living, … J’ai commencé par deux chaises, un tabouret et notre fameuse étagère qui est toujours un best chez nous. Chemin faisant, au gré de mes rencontres avec les fournisseurs, de mes nouvelles envies, j’ai voulu enrichir l’offre et proposer du textile, des paniers, des lampes, enfin tout pour décorer une chambre d’enfant, dans une gamme de couleurs joyeuse : aqua, menthe, citron, corail, ….. qui changeait des couleurs un peu passés, gris, vieux rose, moutarde qui étaient très à la mode il y a 10 ans pour l’enfant.
Comment avez-vous su que ce qui vous manquait, manquait également à d’autres parents esthètes ? Comment votre idée est-elle devenue un projet entrepreneurial ?
À cette époque, je venais d’avoir ma fille Rose et de quitter une expérience professionnelle assez dure. Nous avions eu du mal à avoir ce bébé, j’avais toujours énormément travaillé et j’ai pensé très naïvement qu’en me lançant, ce serait peut-être plus facile d’en profiter, d’équilibrer vie pro et vie perso. Bon, je me suis complétement plantée ! Créer une boite seule, c’est dur ! Parce qu’il ne s’agissait pas juste de créer une collection, ce qu’à priori venant d’une centrale d’achat, je savais faire. Il a fallu aussi trouver des fournisseurs fiables, trouver un entrepôt, se lancer dans la logistique, la facturation, la comptabilité, le juridique, les réseaux sociaux, plein de sujets totalement inconnus et sur lesquels je devais trouver des solutions souvent seule. Je ne savais pas si cela allait fonctionner, j’ai décidé d’y aller au culot, je n’ai rien montré à personne avant mon 1er salon, j’avais trop peur des commentaires. Toute la semaine avant, j’ai pleuré d’appréhension tous les soirs, et le 1er jour du salon, dans mon stand minuscule, j’ai fait le chiffre d’affaires qu’on avait objectivé pour les 6 premiers mois. C’était parti !
Avant de vous lancer dans cette aventure, vous aviez travaillé durant 15 ans dans le domaine de la fabrication textile. Comment ce background vous a-t-il aidé dans la consolidation de votre marque ?
Juste après mes études, j’ai travaillé 8 ans dans le groupe Vivarte, à la centrale de la Halle aux Vêtements près de Lille. 8 années extraordinaires ! Cette expérience m’a tout appris. Ça a été ma véritable formation, beaucoup plus que mon école de commerce. J’ai occupé plusieurs postes, en gestion et en style, j’ai énormément voyagé, j’ai visité des usines, rencontré des fournisseurs en Europe, en Asie, en Inde, au Maghreb, et surtout travaillé avec des personnes ultra pro et passionnées par leur métier avec qui j’ai appris toutes les étapes de développement d’une collection.
Aujourd’hui, vous travaillez en famille car Eugénie, votre sœur, a rejoint l’aventure Rose In April quelques années après la création de la marque. Comment s’articule votre complémentarité ? Quelles sont vos responsabilités respectives ?
Nous sommes à la fois très similaires et très différentes, donc très complémentaires. Nous avons les mêmes envies et les mêmes valeurs, de famille, de travail, de respect des gens avec qui on travaille. Nous avons aussi une expérience professionnelle assez proche car Eugénie, a 10 ans près, a eu le même parcours en centrale d’achat textile, avec en plus, de longues périodes à l’étranger qui lui ont permis d’acquérir de vraies connaissances en sourcing. Je pense être plus exigeante mais plus stressée, Eugénie est une vraie cool !!! Et heureusement ! Elle relativise toutes les situations qui peuvent m’angoisser. Et elle hésite moins, elle fait ! On rit beaucoup ! C’est dur de gérer une boite, mais à deux, honnêtement, on s’en sort bien ! Aujourd’hui, nous sommes trois chez Rose in April. On fait tout à trois, trois filles ! Dessi est notre incroyable préparatrice de commandes ! Bulgare, pro, volontaire, courageuse, un sacré caractère ! Je gère la partie logistique, trois jours par semaine, qu’il gèle ou que ce soit la canicule, je suis à l’entrepôt avec Dessi, où nous réceptionnons et contrôlons toute la marchandise, préparons et expédions les commandes. C’est la partie pas très fun, très physique, mais au moins je sais ce qui arrive et ce que nous envoyons à nos clients. Ça me rassure ! Je suis un peu maniaque sur la qualité ! Les deux jours qui restent, je m’occupe de la création et du développement des collections, de la comptabilité et du service client de notre site internet.
Eugénie gère toute la relation commerciale avec nos revendeurs, les questions, les commandes, les factures. Elle gère le site internet avec notre agence web, notre web marketeur et une amie graphiste. Elle s’occupe aussi des réseaux sociaux, du flux instagram et facebook, et aussi, c’est nouveau, des relations presse et influenceurs, pour lesquelles nous travaillons avec 2 agences. Elle est beaucoup plus à l’aise avec toute la partie digitale, en fait, elle a juste 10 ans de moins, c’est la geek de la famille ! d’ailleurs si notre mère a un problème avec son imprimante, c’est elle qu’elle appelle !
Travailler en famille était-il une évidence pour vous ? Pensez-vous que cela représente l’une des forces de la marque ? Que représente la famille pour vous ?
Travailler avec ma sœur était une idée de Philippe, mon mari ! D’ailleurs, en parlant de lui, même s’il ne fait pas partie de la société, je voulais lui dire « merci » car je n’y serais jamais arrivée sans lui. Il n’a jamais douté (contrairement à moi), il n’a jamais remis en question mon projet, même au départ quand cela nous a demandé de gros sacrifices financiers, il m’a supporté à tous les niveaux ! ll a fait des business plans, il a déchargé des camions, monté des stands à M&O, préparé des commandes, il nous conseille, nous accompagne aux bilans, et il me sert le verre de vin qui va bien quand je rentre des journées à l’entrepôt ! Eugénie est arrivée dans l’histoire un soir d’apéro justement ! Je racontais à mon mari qu’elle voulait quitter son job. De mon côté, je cherchais une associée pour m’aider car RIA grandissait et je n’arrivais plus à gérer tout toute seule. Mais je n’avais pas fait le rapprochement car Eugénie était ma petite sœur, qu’elle avait 10 ans de moins que moi, qu’elle vivait à Lille et moi à Nanterre. Quand Philippe a eu l’idée, je me suis dit que c’était une évidence : on s’entendait hyper bien, elle avait elle aussi une solide expérience en centrale d’achat et la distance se gèrerait ! J’ai appelé Eugénie le lendemain et elle a dit oui tout de suite !
On nous avait dit que travailler en famille était risqué. En ce qui nous concerne, nous sommes le contre-exemple. Cela fait 7 ans maintenant, et c’est toujours le même plaisir. Nous nous appelons 20 fois par jour, pour tout et rien ! Nous sommes sur la même longueur d’onde à tous les niveaux, sur des sujets aussi divers que les couleurs de l’été prochain, les gestions de crises ou le rythme de travail. Nous avons les mêmes valeurs et nous savons que le plus important justement, c’est de préserver notre relation de sœurs. Il n’y pas de sujet d’ego, nous gérons à 50/50 et d’ailleurs, j’ai voulu dès le départ que nous soyons toutes les deux actionnaires à parts égales, pour que les responsabilités soient équilibrées et qu’il n’y ait jamais de malaise entre nous. Nous sommes en confiance l’une vis-à-vis de l’autre, chacune sait ce qu’elle à faire. Quand nous ne sommes pas d’accord, et c’est rare, l’une décide de faire confiance à l’autre. Je dirais donc que les valeurs de notre famille sont la confiance et le respect. Et la joie de vivre !
Comment définiriez-vous les valeurs de Rose In April ? Que souhaitez-vous transmettre par vos créations ?
Justement, je retrouve mes réponses précédentes ! Confiance, respect et joie de vivre car nous sommes en permanence en train de nous assurer que nous faisons de beaux produits, de qualité, au juste prix par respect pour nos revendeurs et nos clients.
Quelle relation entretenez-vous avec la couleur ? Qu’est-ce qui vous inspire pour imaginer vos modèles ?
Pour moi la couleur, c’est la joie ! (Dit la fille qui est incapable de peindre un mur de couleur chez elle !) J’aime les mélanges d’imprimés. Dans nos collections, c’est la couleur qui fait le lien. Nous ne sommes pas une marque de mode, nous ne créons pas de nouvelle collection tous les 6 mois, mais toutes les saisons, nous venons ajouter de nouvelles couleurs, de nouveaux imprimés qui en remplacent d’autres plus anciens. L’important pour moi, pour que la collection reste jolie, cohérente, c’est que la couleur vienne faire le lien entre les produits et les imprimés. Un joyeux mix and match !
Certaines de vos créations sont devenues iconiques, c’est le cas de la lampe Joseph le Lapin. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de cet objet ?
Joseph est d’abord le prénom du 1er crush de ma fille, en maternelle ! Elle avait donc appelé son doudou, un lapin qui la suivait partout, Joseph. Je le retrouvais régulièrement assis sur les marches de l’escalier après son départ à l’école. A l’époque, je cherchais une idée de lampe car je trouvais que cela manquait dans notre collection. Un jour, je l’ai vu assis avec ses longues pattes pendant dans le vide et ça a fait tilt ! Petit scoop pour la saison prochaine, Joseph va bientôt avoir un copain !
Quels sont vos engagements quant à la fabrication et à la durabilité de vos produits ?
Nous avons aujourd’hui 4 fournisseurs : un en Chine pour la lampe (il n’y a plus d’usine pour ce type de produit en Europe), deux au Portugal pour le textile, un en Bulgarie pour le mobilier. Trouver un bon fournisseur, c’est un peu chercher une aiguille dans une botte de foin, surtout quand on est une toute petite marque ! Pour les 4, on a eu de la chance. Nous travaillons ensemble depuis le début, cad presque 8 ans. Nous fonctionnons encore une fois au respect et à la confiance. Nous nous connaissons, nous nous rencontrons, nous échangeons très régulièrement, et nous sommes mutuellement à l’écoute les uns des autres. Aucune de 2 parties ne cherche à prendre avantage sur l’autre. Notre règle, sur laquelle nous ne transigeons pas, c’est que nous payons le juste prix pour un produit de qualité, donc durable, respectant les normes, et fabriqué dans le respect des gens qui travaillent dans les usines et les ateliers. Tout cela aussi, par respect pour nos clients qui nous pensons, partagent les mêmes valeurs que nous.
Quels sont les prochains challenges de la marque ? Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Continuer à faire grandir Rose in April, à notre rythme, en équilibre avec notre vie de famille. Certaines personnes nous parlent levée de fonds, croissance internationale. Ce n’est pas du tout notre envie. Nous voulons continuer à prendre du plaisir, à faire vivre la marque en préservant notre équilibre personnel, en continuant à travailler avec des fournisseurs, des partenaires, des revendeurs et des clients qui partagent les mêmes valeurs que nous ! et garder le smile !!
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