Démarches

Sandra Rey, fondatrice de Glowee

Sandra Rey. Un nom qui fait rimer dynamisme, créativité et… bioluminescence. Retour sur le parcours atypique et l’idée originale de la DG de Glowee, la start-up française qui compte bien illuminer nos rues d’une nouvelle forme de lumière, 100% écologique.

Le 20 mai 2019

Sandra Rey Glowee Les Confettis

 

Imaginez la scène vue du ciel. Une ville de nuit, ciselée de délicates veinures bleutées : ses rues parées d’un halo venant caresser les bâtiments, les vitrines, les affiches, les façades… et conférer au paysage une ambiance presque surnaturelle. Un fantasme de S-F onirique ? Non, une vision concrète et pragmatique de la cité de demain, reposant sur une idée toute simple : exploiter la bioluminescence animale pour repenser l’éclairage et l’environnement urbain. « L’idée m’est venue en regardant un reportage sur les poissons des abysses, capables de produire leur propre lumière, sans électricité. Si eux y arrivent, pourquoi pas nous ? Pourquoi ne pas tirer profit de leurs capacités afin de concevoir une nouvelle forme d’éclairage ? » explique Sandra Rey, partie de cette idée décalée pour construire un vrai projet d’entreprise et monter Glowee, startup française au vent en poupe. Pourtant, rien ne prédisposait la jeune femme (26 ans) à devenir une entrepreneuse en biotechs : « En fait, depuis toute petite, je me destinais à des études d’art. Mon niveau en dessin m’a incité à plutôt m’orienter vers le design, avec une spécialisation dans les systèmes interactifs et innovants. » Mais tout a basculé… au hasard d’un concours obligatoire !

 

Concours imposé pour révélation abyssale

Dans le cadre de sa dernière année d’école de design, Sandra doit participer au prix ArtScience et monter un projet autour sur le thème de la biologie synthétique. Les poissons des abysses lui inspirent alors l’idée de développer des solutions écologiques et économiques en alternative à l’éclairage de ville « classique », via le pouvoir de la bioluminescence, cette capacité que possèdent certaines cellules à générer de la lumière*.

L’idée est originale, le dossier bien structuré et le tout porté avec énergie par une Sandra qui se révèle rapidement experte en présentations, pitchs express et autres opérations de com’ pour fédérer au-delà du concours ArtScience, première étape vite franchie d’un parcours bluffant. La preuve ? Entre 2013 et 2015, le simple projet étudiant se transforme en Glowee, une start-up soutenue par toujours plus de distinctions : prix Elevator World Tourn Paris, nomination dans la MIT Technology Review, ambassadrice de la FrenchTech à la COP 21 2016… « Notre concept a suscité dès le départ beaucoup d’enthousiasme et de curiosité, confirme l’intéressée. Nous avons multiplié les récompenses, les levées de fonds – notamment par crowdfunding – et les partenariats. La dynamique était lancée, mais il a rapidement fallu passer aux choses concrètes, pour démontrer l’efficacité et le potentiel de nos produits. » Une validation pratique synonyme de plongée dans la science et les mystères de la bioluminescence animale.

Glowee

Lumière bactérienne pour mise en valeur urbaine

Le principe de la lumière biologique développé par Glowee ? Première étape : introduire des gènes de bioluminescence issus de cellules d’espèces marines, tout particulièrement d’un calamar abyssal, dans des bactéries terrestres inoffensives (Escherichia Coli, pour ne pas les citer). Deuxième étape : renforcer la durée de vie et la capacité de luminescence des bactéries modifiées. Troisième étape : les multiplier avant de les encapsuler dans des coques en résine organique adhésives, pour donner des systèmes d’éclairage adaptés à tous types de supports. « L’objectif n’est pas de remplacer le lampadaire, recadre Sandra Rey. À chaque source d’énergie un usage donné. La bioluminescence n’est pas (encore) assez intense pour tout éclairer, mais sa lumière douce et la modularité des coques lui confèrent une grande diversité en termes d’utilisations et de valorisation des éléments urbains. » L’objectif à court terme ? Pousser la durée de vie et l’efficacité jusqu’à sept jours, pour accompagner des événements éphémères (typiquement, une campagne publicitaire). Autre ambition : concevoir des produits de longue durée, en plaçant les bactéries dans un milieu liquide nutritif renouvelable. Une évolution qui pourrait passer par la mise en place de co-développements avec des entreprises de construction ou de mobilier urbain.

Sandra Rey

Force de la féminité entrepreneuriale

La facilité apparente avec laquelle la jeune femme est parvenue à imposer son idée ressemble à un tour de force, surtout dans le milieu de l’innovation scientifique, traditionnellement masculin. La réalité se situe pourtant ailleurs : « Être une femme s’est plus révélé un avantage qu’un inconvénient en permettant de me démarquer dans un secteur très concurrentiel. J’ai été vite remarquée et énormément sollicitée. » Mais n’allez surtout pas croire que le secret du succès repose sur des talons aiguilles. « In fine, pour être un bon entrepreneur et entraîner les foules, le plus important est de savoir précisément ce que l’on veut et où l’on va. » Une maxime qui correspond à merveille au caractère affirmé de Sandra, qui avoue ne pas supporter que les choses n’avancent pas. « Soit on le fait, soit on passe à autre chose ! Ce n’est pas toujours facile, surtout dans les biotechnologies, mais je parviens à motiver les troupes en usant de mes principales qualités : la bienveillance et l’écoute. » (…)

 

* Réaction chimique régie par un gène, la bioluminescence permet à certains animaux de produire de la lumière. 90% des organismes marins, algues, méduses, calamars, poissons, ou encore crevettes sont ainsi capables de bioluminescence.

 

Retrouvez dans son intégralité, l’interview de Sandra Rey dans la revue Les Confettis Volume 3

 

www.glowee.com