Dans l’imagination de Berit Mogensen Lopez
Artiste danoise de renommée internationale, Berit Mogensen Lopez explore l’univers de l’abstraction et le nourrit de sa sensibilité. Ses compositions aux formes qui s’entremêlent et aux couleurs qui dialoguent s’affichent en grand dans le foyer des esthètes. Sur les posters, mais également les textiles ou les objets de décoration, la créative laisse une empreinte reconnaissable. Portrait.
Art abstrait, talent tangible
Diplômée de la Royal Danish Academy of Fine Arts, l’aura de Berit Mogensen Lopez rayonne bien au-delà du microcosme de Copenhague. L’artiste dont on retrouve les reproductions chez Ferm LIving, Made.com, The Cool Republic ou encore The Poster Club nourrit une affection pour l’art abstrait depuis l’enfance. Avant même de démarrer ses études, la petite Berit se réfugiait dans son imagination pour s’inventer des paysages abstraits où formes et couleurs s’émancipent. Un appétit qui ne l’a jamais quittée d’ailleurs, comme elle le déclare : «J’ai toujours ressenti le besoin de m’immerger dans un monde d’abstraction. J’aime l’abstrait, car tout est à imaginer. Ce n’est pas une retranscription exacte ou une photographie de l’existant. Avec l’abstraction, il n’y a pas de système de référence auquel se rapporter. C’est une ode à l’imagination. Grâce à l’abstraction, je peux pleinement explorer mes sujets de prédilection : les formes et les couleurs.»
Berit Mogensen Lopez aime outrepasser sa zone de confort et entraîner son regard à se porter plus loin que l’accessible. Ainsi, elle embrasse l’héritage culturel et artistique scandinave sans s’y cloîtrer : «Les couleurs sont primordiales pour moi. J’aime particulièrement les tonalités issues de la terre quand je les combine avec des nuances plus vives. Les contrastes ajoutent une certaine complexité que j’apprécie. Je me retrouve dans cette esthétique scandinave minimaliste. C’est une expression empreinte de sérénité que je chéris, mais d’un autre côté, ce n’est pas suffisant pour moi. Je ne me sens pas complètement stimulée par ces lignes très propres et beiges », explique-t-elle. Puis elle ajoute quelques mots sur ce qui la fait vibrer : «Copenhague mais également la nature environnante font partie de mon inspiration. Je suis autant inspirée par la collision des étranges couleurs du décor urbain que par les formes et les textures qui régissent la nature. La musique et l’architecture sont par ailleurs très importantes pour éclairer ma vision.»
Un processus créatif entre résistance et lâcher-prise
Parmi les expériences qui ont largement contribué à faire progresser le cheminement créatif de l’artiste, il y a la rencontre avec un professeur. Elle se souvient de son approche enrichissante : «J’ai bénéficié d’un conseil percutant d’un de mes anciens enseignants. Il me disait qu’en peinture, il fallait toujours se créer des obstacles afin de ne jamais être trop à l’aise. La contrainte et la difficulté sont significatives à mes yeux. Ce ne sont pas les ennemies de l’esprit créatif, au contraire, elles sont des alliées.» Berit poursuit : «Redéfinir la notion d’échec a été l’un des meilleurs apprentissages selon moi. Échouer fait amplement partie du processus créatif. C’est constitutif pour trouver son chemin, artistiquement parlant, mais pas seulement. Ce sont les échecs, les déceptions, les erreurs qui nous permettent d’engager toute cette énergie créatrice. Chaque expérience apporte une richesse supplémentaire, surtout si ce que l’on reçoit ne correspond pas à ce que l’on attendait.»
Boostée par les contraintes, mais adepte de la spontanéité, la danoise fait confiance à son instinct pour créer. Des lignes aléatoires encouragées par des gestes naturels établissent le point de départ de la plupart de ses peintures. Strate après strate de matière, la composition prend forme sans intellectualisation superflue : «J’essaie d’atteindre un certain équilibre, une sorte d’harmonie qui ne saute pas aux yeux non plus. Je ne souhaite pas que l’ensemble paraisse artificiel. J’aime quand la composition apparaît un peu décalée et inachevée. Je me sens rarement satisfaite de mes réalisations, car je me demande souvent si elles [auraient pu] être autrement.» Une réflexion digne d’un esprit créatif, s’interrogeant sans cesse sur toutes les options que lui offre le champ des possibles.
Artiste et créatrice
Saisissant les opportunités avec brio, Berit marie aujourd’hui deux activités : artiste à part entière et créatrice capable de collaborer avec des entreprises dans le cadre de projets de design, d’ameublement ou de décoration. Une polyvalence revendiquée qui la mène à déployer l’éventail de ses capacités, comme elle le raconte : «Avec le temps, j’ai appris à moduler ma façon de faire. J’ai effectivement acquis une grande expérience et beaucoup d’autodiscipline en travaillant par moi-même. Mais j’ai aussi saisi comment travailler en tant que textile designer pour un tiers. J’ai appris à produire des résultats et à communiquer avec les fabricants. Dans ce cadre, je préfère que les requêtes des collaborateurs soient précises et bien définies. En effet, pour mener à bien ce genre de projets, il n’est pas possible de consacrer un temps illimité au processus créatif. Ce rythme plus soutenu génère une dynamique de travail que je trouve très stimulante! Cependant, je ressens le besoin de prendre une respiration entre les commandes des partenaires et mes projets d’artiste pour ne pas essouffler ma créativité.»
Heureuse du chemin parcouru, elle se confie sur le rôle de miroir que ses réalisations peuvent revêtir : «Je crois que mes œuvres témoignent de mon attirance pour la sensorialité et la complexité des choses. C’est fondamental dans ma perception du monde.»
Retrouvez le portrait de Berit Mogensen Lopez et ses créations dans le Volume 12 de la revue Les Confettis.
À suivre
Shonda Rhimes crève l’écran