Shonda Rhimes crève l’écran

Une autre incarnation de la réussite

L’histoire de Shonda Rhimes commence le 13 janvier 1970 à Chicago, dans l’Illinois aux États-Unis. Fille d’une directrice d’université et d’un professeur, Shonda comprendra très vite que l’éducation et la passion colorent et galvanisent une vie. Benjamine d’une fratrie de six enfants, elle apprend également à se débrouiller pour parvenir à ses objectifs, une philosophie de persévérance qui lui permettra de soulever des montagnes et de s’imposer dans une Amérique où les Afro-Américains subissent encore et toujours des discriminations, notamment institutionnelles. Son goût pour autrui et la culture au sens large la poussent à enrichir les colonnes du journal de son lycée avec ses mots, et ses idées claires. Elle quittera plus tard Chicago pour Darthmouth College, université privée membre de la prestigieuse Ivy League, où elle sera diplômée d’une licence. Bosseuse et investie, elle obtiendra par ailleurs un master en art à l’université de Californie du Sud. Malgré ce glorieux parcours, les premiers pas de Shonda sur le marché du travail s’annoncent fragiles. Elle débute dans l’univers de la publicité et enchaîne les petits boulots pour s’assurer de quoi payer son loyer. Un quotidien qu’elle ponctue de bénévolat dans les hôpitaux. Habitée par l’envie de bien faire et par une confiance en elle salvatrice, Shonda saisit toutes les opportunités sans poser de jugement sur ses choix. Petit à petit, sa détermination et sa vision pertinente en font un élément privilégié dans les équipes de création. D’abord stagiaire dans la société de production de Denzel Washington, c’est en 1999 que Shonda commence à se faire un nom dans le métier grâce au scénario du téléfilm Introducing Dorothy Dandridge qu’elle signe pour le mastodonte HBO, fameuse chaine outre-Atlantique. Le feuilleton pour lequel Halle Berry tient le rôle principal sera déterminant pour l’actrice qui remportera au passage de nombreuses récompenses !

En 2001, c’est aux cotés de Britney Spears que l’on retrouve Shonda Rhimes qui écrit le scénario du film Crossroads. Gratifiée d’un succès commercial, cette production est toutefois fustigée par la critique. Il en faudra plus pour décourager Shonda qui, tout au long de sa carrière, fera de sa ténacité, une signature. Nombreux sont les projets de Shonda Rhimes qui seront décommandés par manque d’audience ou de plébiscites, pour autant la scénariste ne cessera jamais de croire en elle et d’assumer ses choix. En effet, c’est à ce moment-là – courant 2005 – que l’Américaine choisit de créer sa propre société de production sous le nom de Shondaland. Une année riche car elle voit naître le plus gros succès de Shonda Rhimes : la série Grey’s Anatomy, évidemment produite par Shondaland et diffusée sur la chaine ABC. Plus qu’un triomphe, la série, dès sa première diffusion, révolutionne le genre de la série médicale en partageant le quotidien d’une équipe de médecins et soigneurs d’un hôpital de Seattle, à travers le regard d’une protagoniste féminine. Une performance qui place Shonda Rhimes dans les cent personnes les plus influentes selon le magazine Time et qui ouvre la porte à une autre réussite, celle de la série Scandal avec l’actrice Kerry Washington incarnant Olivia Pope, à la tête de son agence de relations publiques. Cette nouvelle collaboration avec ABC renforce l’aura de la scénariste qui produira dans la foulée la série applaudie : How to Get Away with Murder en 2014. S’en suivront de nombreux spin-off de ses succès plus ou moins acclamés. Un détail pour cette battante affranchie de la peur de l’échec.

L’humain dans l’œil de Shonda Rhimes

Les ovations retentissantes que la showrunneuse Shonda Rhimes reçoit ne sont pas le fruit du hasard. Proche des gens, la scénariste n’imagine pas une série sans l’articuler autour de personnages humains. Pétris de contradictions, de défauts mais également braves et en permanente évolutions, les protagonistes de la conteuse 3.0 fédèrent et déculpabilisent. Allergique aux normes aseptisées, Shonda construit des personnages complexes et pluriels comme l’humanité en est peuplée. Elle participe ainsi à faire de l’écran, un miroir, dans lequel chacun peut voir son reflet. Origines ethniques diverses, communauté LGBTQIA+, parents célibataires, personnes de toutes corpulences, la productrice tient à cette pluralité, garante d’une certaine justice. La phrase d’accroche de la société Shondaland est d’ailleurs : « Vous n’êtes jamais seul dans l’univers de Shondaland, ici vivent les rebelles. Ceux et celles qui osent se défendre. » 

La « Queen of Television » est d’ailleurs connue et reconnue pour l’écriture de rôles féminins indépendants, leaders et pourtant sensibles et vulnérables à l’image de Meredith Grey dans Grey’s Anatomy ou Olivia Pope dans Scandal. Des femmes qui ne s’excusent pas d’être des femmes et tendent à toujours plus d’épanouissement personnel et professionnel. 

Maman célibataire de trois petites filles adoptées, Shonda est la mieux placée pour imaginer des protagonistes aussi émancipées qu’elle. Elle dévoilait d’ailleurs dans les pages du Time, il y a quelques années, ne pas être intéressée par le principe du mariage, sa vie de femme libre et hyper productive lui convenant parfaitement ainsi. 

Toujours un show d’avance

En 2017, Shonda Rhimes met un terme à sa collaboration avec ABC. Elle signe alors un contrat d’exclusivité avec la plateforme Netflix pour laquelle elle s’engage à réaliser pas moins de huit productions dont la fameuse série La Chronique des Bridgerton. En parallèle, la productrice traduit à l’écran l’histoire vraie d’Anna Sorokin, jeune femme qui a réussi à tromper le gotha new-yorkais en prenant les traits d’une riche héritière allemande. Inventing Anna est arrivée sur Netflix dans l’année 2022.

Retrouvez le portrait de Shonda Rhimes dans Les Confettis Volume 8

Photo en Une de l’article ©The Hollywood Reporter