L’apaisante Clotilde Dusoulier
Grâce à Change ma vie, un podcast précurseur autour du développement personnel, Clotilde Dusoulier propose de tendre l’oreille pour acquérir plus de clairvoyance.
Clotilde, vous avez un parcours inspirant car plein de rebondissements. Pouvez-vous nous dire comment vous êtes passée du métier d’ingénieure au monde de la cuisine, puis aujourd’hui au coaching ?
C’est vrai que c’est un parcours un peu particulier (rires). Je crois que j’ai vraiment été guidée depuis le début par mon envie, à chaque moment ou étape de ma vie. Au départ, je voulais être comédienne et j’ai finalement raté une audition dans un conservatoire, ce qui m’a permis de comprendre que ce métier n’était pas fait pour moi. J’ai eu mon bac en 1996 et j’ai commencé des études de gestion à Dauphine au moment où l’on découvrait Internet. Je trouvais ça passionnant ! J’ai poursuivi mes études dans l’informatique, poussée par ma curiosité, et c’est ainsi que j’ai rencontré mon mari qui, lui aussi, était tombé dans la marmite de l’informatique (rires). Nous sommes partis en Californie et c’est là-bas que j’ai commencé à cuisiner. Une fois rentrée en France, j’étais toujours ingénieure en informatique, mais ma passion pour la cuisine ayant grandi, je voulais lui donner plus d’espace dans ma vie, plus de corps. Cela correspondait à la période où les blogs sont apparus, notamment les blogs culinaires. Je me suis lancée là-dedans car j’adorais écrire. Petit à petit, j’ai mis l’ingénierie informatique de côté car la cuisine me plaisait plus. Je me suis dit qu’il y avait sûrement un moyen de faire du blogging culinaire, un métier. Je me suis renseignée et j’ai fabriqué ma propre voie autour de ça. Durant quinze ans, j’ai vécu de mon amour pour la cuisine à l’ère numérique, tout en m’intéressant, année après année, au développement personnel par le biais de recherche sur la créativité. Je me suis aperçue, à ce moment-là, que la créativité découlait purement et simplement de notre état d’esprit et que les astuces tactiques ne suffiraient pas à élargir les horizons de ma créativité sans un certain mindset.
Vous étiez partis aux États-Unis pour travailler ?
Oui. J’ai terminé mes études en 2000 et j’avais besoin d’un stage de fin d’études pour valider mon diplôme. À ce moment-là, la Silicon Valley me paraissait l’endroit idéal pour concrétiser mes connaissances théoriques et mes apprentissages. Nous sommes partis à deux, avec mon mari, et nous avons été embauchés suite à nos stages. Je me suis découvert une passion pour la cuisine là-bas et j’ai également commencé à écouter des podcasts sur la créativité. C’était une super expérience car il y a toute une facette de la philosophie de vie américaine que j’aime beaucoup. Cet optimisme dans les projets et les possibles est hyper stimulant pour les esprits créatifs ! J’ai donc voulu retrouver en France les émissions de radio américaines que j’écoutais là-bas. Je passais beaucoup de temps à cuisiner et à photographier mes plats, donc mes mains étaient occupées mais mon esprit pouvait être attentif à autre chose. Je crois que c’est aussi pour ça que le format du podcast m’a particulièrement plu. Nourrie par toutes ces heures d’écoute, j’ai compris qu’il y avait des tas de manières d’envisager la vie et la carrière. Cela a vraiment construit ma culture.
Finalement, tout a été une question de cheminement dans votre parcours. Vos découvertes ont ouvert en vous des portes vers d’autres passions. Cela s’est déroulé de la même manière pour le coaching ?
Tout à fait. Plus je découvrais d’outils pour développer mon bien-être et mon épanouissement personnel, plus je voulais en parler autour de moi, et les partager avec mes proches. Concernant les podcasts, j’ai assez vite trouvé ça très novateur, et je voulais que mes amies puissent en faire la bonne expérience, de la même manière que je souhaitais que mes recettes et mes techniques culinaires profitent au plus de personnes possible. L’idée de créer mon propre programme m’est tombée dessus. J’avais le titre, le sous-titre, le format et les premiers épisodes. Il s’est passé trois semaines entre cette « révélation » et le premier épisode enregistré. J’ai eu l’impression que, d’un coup, tout s’était aligné (rires).
Vous êtes-vous formée pour cela ?
Je me suis formée par la suite au coaching. J’ai d’abord débuté la diffusion du podcast en offrant à d’autres les conseils que l’on m’avait prodigué et j’ai commencé à coacher mes proches en mettant en application ce que j’avais reçu. En voyant que cela prenait et que mes proches avaient des résultats positifs en suivant mes recommandations, j’ai compris que cela me plaisait. J’ai donc voulu me former aux différentes méthodologies du coaching en suivant la formation de Brooke Castillo.
Brooke Castillo justement, est une figure du développement personnel aux États-Unis. Encore une fois, en vous tournant vers les Etats-Unis vous avez pris un train d’avance. Votre expérience de la culture américaine a-t-elle changé votre manière de voir les choses ?
Complètement. Les Américains ont été en avance en matière de développement personnel et j’ai pu bénéficier de ces notions en les intégrant directement à ma propre culture. J’ai eu conscience de cette « avance » que j’avais a posteriori. J’ai lancé un blog culinaire parmi les premières en France et j’ai également pu être précurseuse dans le podcast en France en raison de mes découvertes américaines. Ça n’était absolument pas une stratégie, je n’avais pas prévu d’importer des concepts : cela résulte simplement des envies que j’avais à un certain moment où elles n’étaient pas encore exprimées en France.
Comment expliquez-vous le récent boom du développement personnel en France ?
J’ai le sentiment que c’est l’expression d’un nouveau cycle qui démarre. Pendant longtemps, on nous a vendu l’idée qu’il fallait avoir des choses pour être heureux. La consommation était le levier du bonheur. Et finalement, les gens s’aperçoivent aujourd’hui, après une période d’hyperconsommation, que ça ne tient pas la route. Ni psychologiquement, ni écologiquement. Une certaine partie de la population ayant accès à ce que l’on appelle « un bon niveau de vie » se rend compte que le bonheur ne jaillit pas de ses biens matériels. Cela veut bien dire que quelque chose manque. Alors une introspection est nécessaire et elle révèle que l’ordre doit se faire à l’intérieur de soi et non pas à l’extérieur. La question ne repose pas sur ce que l’on a, mais sur notre capacité à l’apprécier.
Donc, plutôt que de savoir pourquoi nous recherchons le bonheur, mieux vaut se demander pourquoi nous ne le ressentons pas déjà ?
Oui, c’est ça. Ce que l’on appelle « bonheur » est tout simplement le fait de ressentir des émotions positives. Or ce qu’il se passe, c’est que notre cerveau n’est pas du tout câblé pour nous faire ressentir des émotions positives. Par défaut, notre cerveau est câblé pour nous maintenir en vie, nous alerter sur les dangers environnants et nous renseigner sur les risques. Le câblage de notre cerveau, par défaut, tend plutôt vers la négativité, l’inquiétude ou la peur. Ce sont des mécanismes qui sont garants de notre survie et qui nous ont été très utiles pendant longtemps, mais maintenant que notre vie n’est pas en danger, ces mécanismes se déportent sur la peur du regard de l’autre, la peur de l’échec, l’inquiétude de ce qu’il va se passer si je n’ai pas de baby-sitter demain soir (rires). Si nous voulons ressentir plus d’émotions positives, il faut délibérément porter notre attention sur des choses qui reconfigurent notre manière de penser.
Est-ce que justement cela ne peut pas être un piège ? Telle une quête constante du mieux-être qui ne se termine jamais.
Tout dépend de l’intention qui anime cette quête. Si on pense qu’il faut faire ça pour être heureux, on se trompe. L’idée, c’est d’apprendre à être heureux avec ce que l’on a et où l’on est. Ce faisant, nous intégrons des outils qui nous permettent de nous affranchir des peurs et des inquiétudes. Simplement, l’être humain est porté naturellement vers le plus et le mieux, c’est notre instinct d’évolution.
Donc le bonheur est disponible, maintenant ?
Absolument ! Ce n’est pas une question de poids, ce n’est pas une question de superficie d’appartement, ce n’est pas une question de paires de chaussures. Les émotions positives peuvent se ressentir exactement là où l’on est, c’est un état d’esprit. Il y a des choses qui nous mettent dans de meilleures dispositions, comme le yoga ou une alimentation équilibrée, mais ce n’est pas ça qui achètera notre bonheur. Et j’ajoute que si nous ne sommes pas capables de créer ce bonheur dans nos circonstances de vie actuelles, nous n’en serons pas plus capables quand nous aurons 5 kg en moins ou que nous saurons faire le grand écart. Être bien là où l’on est, cela ne veut pas dire faire du sur place, cela veut dire que l’on est conscient de nos capacités et que l’on peut encore mieux les développer pour se réaliser pleinement.
Comment souhaitez-vous évoluer ? Quelles sont vos envies en ce moment ?
Je veux continuer mon podcast pour rendre disponible au plus grand nombre des outils qui me sont utiles. J’aimerais approfondir toute la faisabilité des conseils que je donne, en proposant des questionnements pour que les gens puissent cheminer en autonomie sur ces sujets-là. En parallèle de ça, je propose des outils pour les femmes qui ont des enfants et dont la vie est très exigeante ! Toutes ces mamans qui ont du mal à trouver leur espace de bonheur dans cette course quotidienne. Je crois dans le développement du coaching de vie. Aujourd’hui en France, les gens ont plutôt le reflexe du travail psychothérapeutique qui va plutôt regarder le passé pour comprendre le présent. Les coachs de vie, eux, vont plutôt aider à dessiner un futur à partir du croquis présent. Je pense que les deux approches sont complémentaires et devraient êtres mises en avant.
Pourquoi les mamans alors ?
Cela fait écho à ma propre expérience évidemment. Et par ailleurs, mes auditrices de podcasts, s’identifiant à mon expérience et mes problématiques, appellent à des conseils sur-mesure. Je veux leur faire partager des conseils qui sont directement applicables à leur vie, je veux qu’elles gagnent du temps. Il y a une certaine souffrance chez ces femmes qui ont mis en place toute une structure de vie équivalente à un terreau à bonheur, pour finalement ressentir de la frustration à travailler 45 h sans pouvoir cultiver leur couple ou s’épanouir auprès de leurs enfants. Nous faisons donc ensemble le tour de leur « appartement de vie » pour s’interroger sur ce qu’il faut changer de disposition, dépoussiérer, garder et jeter. Le but étant d’arriver à un état des lieux où tout a délibérément été choisi. C’est un peu la méthode Marie Kondo, mais avec l’esprit !
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Clotilde Dusoulier par Perrine Bonafos dans le Volume 6 des Confettis, toujours disponible dans notre boutique.
Photos ©Fabien Courmont
À suivre
Délia Lachance et Westwing