Enthousiaste Coco Dávez
Peintre mais également photographe, Coco Dávez arbore une joie de vivre à toute épreuve et fait de la couleur vibrante, sa marque de fabrique. Rencontre avec cette pétillante madrilène.
Quel chemin vous a menée à l’art et à l’illustration ? Qu’est-ce qui a formé votre goût pour l’art et vous a fait devenir Coco Dávez ?
J’ai un crayon dans la main depuis mon plus jeune âge. Et même si, adolescente, je me questionnais sur ce que je voulais faire plus tard, il était clair à mes yeux que je voyais mon avenir lié à la peinture et à la créativité. Mais ce n’est qu’en 2010, quand je vivais à Londres, que je me suis réellement lancée. Je dois beaucoup à Rodrigo Sánchez, directeur artistique pour le journal El Mundo. Alors que je n’avais pas réalisé d’études supérieures dans l’art, il m’a persuadée que je détenais quelque chose de précieux entre mes mains. C’est pour lui et grâce à lui que j’ai réalisé mes premières commandes. Je lui serai toujours reconnaissante de m’avoir fait comprendre de quoi j’étais capable artistiquement. Ce fut pour moi une rencontre décisive.
Aujourd’hui, vous êtes peintre, photographe et directrice artistique dans vos collaborations avec certaines marques, comment avez-vous développé votre sens artistique ?
J’ai toujours eu un amour inconditionnel pour la peinture. J’ai toujours été inspirée par Edward Hopper, puis j’ai découvert Pablo Picasso et Alexander Calder et ce fut une révélation. J’apprécie également beaucoup le travail de David Hockney. Tous ces grands artistes sont pour moi de grandes sources d’inspiration. Mais la vie a fait qu’entre 13 et 21 ans, je n’ai pas touché de pinceaux. À cette époque-là, je préférais m’intéresser à la photographie de mode. Je me suis ensuite tournée vers la peinture et c’est là que j’ai commencé à explorer de nombreuses pistes artistiques en mêlant mes deux passions cette fois : la peinture et la photographie. À vrai dire, je dirais que j’expérimentais et je continue toujours d’ailleurs. J’ai longtemps été inquiète à l’idée de faire des erreurs jusqu’à ce que je comprenne que les erreurs peuvent être bénéfiques. D’autant plus dans une démarche artistique où l’on part à la découverte de soi et de son potentiel artistique. Pour moi, l’expérimentation et la curiosité ouvrent mon champ de vision et me donnent confiance.
Quel est votre processus créatif ?
Quand un projet arrive, j’essaie de faire appel à tout ce qui est à ma disposition pour m’imprégner de l’univers du client et de ce qui nous lie. Je me dirige vers des références visuelles, des images mais également des éléments musicaux. Je commence alors à élaborer des croquis et je réalise assez vite des tests en couleurs. L’expérimentation reste mon moteur. Enfin, l’outil numérique est important pour la composition car il m’aide à disposer les premiers éléments, les assembler à la manière d’un brouillon virtuel. Cela me donne une première idée et me guide pour ensuite, composer une toile ou une photo. Pour les projets plus personnels, le plus compliqué c’est de trouver l’idée de départ, le concept. Mais une fois qu’elle est fixée, que je sais ce qui me faisait vibrer à un instant T alors je commence à rechercher de quelle manière je vais pouvoir l’exprimer par la peinture ou la photographie.
Ressentez-vous la même chose quand vous peignez et quand vous photographiez ? Pourquoi ces deux activités se complètent-elles pour vous ?
Ce sont deux sensations et satisfactions très différentes. La photographie est un plaisir plus immédiat, la peinture est un plaisir plus étendu. Ces deux processus me complètent car ils me fascinent et me donnent ce dont j’ai besoin à chaque instant.
Vous semblez vous épanouir pleinement dans l’utilisation de la couleur ! Comment les choisissez-vous ?
J’ai toujours été attachée à la couleur. La couleur me donne de la joie, du bonheur… D’ailleurs vous pourriez connaître mon humeur, juste à la façon dont je suis habillée. Quand je porte du noir, ce n’est probablement pas mon meilleur jour ! J’aime osciller dans une gamme de couleurs chaudes. Les couleurs rouge et jaune ne manquent jamais sur ma palette. J’aime également les couleurs de la mer, les bleu turquoise – des plus sombres aux plus lumineux. Je crois qu’il est très difficile pour moi de m’épanouir dans l’absence de couleurs. J’ai déjà fait des photos en noir et blanc que je trouve belles, mais elles ne correspondent pas à ce que je suis, à ce que j’ai envie d’exprimer.
C’est amusant parce que les couleurs emblématiques de vos œuvres, comme le rouge vif, le jaune solaire et l’orangé, sont les couleurs qui symbolisent la culture hispanique aux yeux des Européens. Est-ce quelque chose que vous revendiquez ?
Beaucoup de gens, surtout les Espagnols, me disent que j’utilise les couleurs du drapeau espagnol. Ils ont raison ! Parfois cela me dérange un peu car je ne veux pas qu’il puisse y avoir de raccourcis. Je fais ici référence à l’ère franquiste encore sous-jacente aujourd’hui. Pour moi, ce sont simplement des couleurs qui transmettent un sentiment de bien-être, une atmosphère idyllique. Et si elles correspondent également aux couleurs de mon pays, j’en suis la plus heureuse. J’aime l’Espagne et j’aime vivre dans ma ville d’origine : Madrid. De la même manière, Jean-Luc Godard a mis en valeur les couleurs du drapeau français dans ses films, c’est en même temps drôle et magnifique.
Au-delà de vos œuvres, vous incarnez votre travail, vous êtes le visage de votre « marque ». Pensez-vous que même dans le domaine artistique, l’image de marque personnelle est essentielle au développement ? Comment gérez-vous cela ?
Ces dernières années, j’ai compris l’importance de l’image. Affirmer ma personnalité est une manière de signer mon travail et de développer une marque personnelle. Il est très amusant pour moi d’utiliser à la fois mon lieu de travail, mes créations et moi-même au sein d’un même univers pour exprimer quelque chose de cohérent. Les réseaux sociaux permettent de mettre en scène tout cela et d’exprimer une « griffe », un univers. Je prends donc beaucoup de temps pour que mon Instagram reflète parfaitement ce que je fais et ce que j’aime afin qu’il soit la meilleure vitrine possible.
Justement, qu’aimez-vous le plus dans votre travail ?
Je m’ennuie très facilement alors je suis ravie de travailler dans un environnement où tout est différent d’un jour à l’autre. Je suis une inconditionnelle de voyages et ma condition d’artiste me permet cette liberté. Bien qu’il s’agisse la plupart du temps de voyages rythmés et assez courts, mais ça reste toujours agréable de s’extraire de ses habitudes et d’oxygéner son esprit. Donc, dès que je peux, je voyage. Cela offre un nouveau regard. Je crois qu’à l’inverse, ce que j’apprécie le moins réside dans l’immédiateté avec laquelle nous sommes tous tenus de travailler ces dernières années. Et je ne fais pas de différence entre les métiers, je crois que c’est un mal qui touche tous les domaines.
Diriez-vous que vous avez pris des risques en vous lançant dans une carrière de peintre ? Quelles relations entretenait votre famille avec l’art ?
Vous courez évidemment des risques car l’art est un domaine très particulier. Ce n’est pas très « stable ». Mais je pense que la passion est ce qui permet de transcender les risques et de rendre les efforts moins douloureux. Le dépassement de soi est nécessaire pour évoluer dans une carrière de peintre. C’est une sorte d’adrénaline. Mes parents ne venaient pas de milieux artistiques bien que mon père ait fait du théâtre. Je ne me suis pas toujours sentie soutenue. Mais j’ai compris pourquoi au fil des années. Une vie d’artiste n’est pas facile à mener, il y a des pièges et les gens qui nous aiment préfèrent qu’on s’en éloigne, pour notre bien.
Vous sentez-vous comme une femme qui a réussi aujourd’hui ?
Une chose est sûre, je réussis à être heureuse. C’est grâce à mon travail et mon style de vie, et c’est déjà un bel aboutissement pour moi. Je suis persuadée que nous faisons tous des sacrifices afin de faire décoller notre vie professionnelle mais ces sacrifices doivent valoir le coup. Il ne faut jamais passer à coté des choses importantes comme la famille, les amis ou le couple. Être bien accompagnée est une clé de la réussite.
Quels sont vos souhaits pour demain ?
Mon seul désir est de continuer à être en harmonie avec mon travail. Je souhaite emporter mon art sur tous les chemins que j’emprunte afin d’explorer des pistes toujours plus surprenantes. Et si je me perds en chemin, je prendrai une autre route.
Retrouvez l’univers de notre covergirl Coco Dávez dans le Volume 5 des Confettis, disponible sur notre e-boutique.
Photo en Une © Coco Dávez
À suivre
Camille Azoulai et Funky Veggie