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Julie Chapon, co-fondatrice de Yuka

Rencontre avec Julie Chapon, co-fondatrice de l'application Yuka, une jeune entrepreneuse inspirante qui s’engage au quotidien pour réconcilier business et impact social.

Le 23 septembre 2019

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Julie, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Après mes études à l’EDHEC Business School, j’ai travaillé cinq ans dans un cabinet de conseil, spécialisé dans la transformation des entreprises, dans l’idée de découvrir différents métiers et secteurs d’activité. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire même si j’avais gardé un intérêt marqué pour le marketing, en particulier dans le secteur agroalimentaire, où j’avais réalisé plusieurs stages.

Au bout de quelques années de conseil, je m’ennuyais, j’avais envie d’autre chose. C’est en participant à un hackathon, il y a deux ans, que ma vie a pris un tournant !

 

Avez-vous toujours voulu entreprendre ?

L’entrepreneuriat n’est pas un rêve d’enfant. Je ne pensais pas un jour monter ma boite. D’ailleurs, je n’aurais jamais imaginé en avoir les compétences !

 

Comment est née l’idée de Yuka, l’application qui scanne l’étiquette des produits alimentaires ?

François, l’un de mes amis, m’avait parlé d’un food hackathon auquel il participait avec son frère, Benoît. Ils avaient une idée, je les ai aidés à structurer leur projet. Prise au jeu, je me suis inscrite avec eux. J’ai adoré cette expérience ! Nous avons pitché et gagné ce hackathon, organisé en 2016 à la Gaîté Lyrique. Hasard ou non, les nouveaux locaux dans lesquels nous venons d’emménager (après avoir été incubés à Station F) sont situés à deux pas de cette salle où tout a commencé !

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La mayonnaise a tout de suite pris ?

Lors de ce hackathon, j’ai eu un vrai coup de cœur pour le projet. Au sein de l’équipe, nous avons vite réalisé que nous étions très complémentaires. C’est ainsi que l’aventure Yuka a débuté, avec Benoît et François Martin, qui gèrent le développement et les sujets techniques. Bien sûr le concept initial a évolué. Au départ, nous avions imaginé un objet connecté à aimanter sur son frigo pour scanner les produits. L’objet était relié à une application. On s’est rendu compte que l’appli suffisait. On a abandonné l’idée de l’objet, il ne répondait pas au besoin. Et la « carotte connectée » (aujourd’hui notre logo) a laissé place à Yuka !

 

Plus de cinq millions d’utilisateurs ! Comment expliquer une telle success story ?

C’est une combinaison de facteurs. Nous sommes arrivés au bon moment. La société aspire à davantage de transparence. L’industrie alimentaire souffre d’une grave crise de confiance qui s’est intensifiée ces dernières années au rythme des scandales liés à la viande de cheval, au lait infantile ou encore aux œufs contaminés. Yuka a par ailleurs bénéficié d’un très bon bouche-à-oreille, d’autant qu’au-delà de l’application, nous avons communiqué plus globalement sur notre projet, qui a une vocation beaucoup plus large : changer l’industrie agroalimentaire ! Le côté très simple et intuitif de l’appli a aussi marqué des points auprès des utilisateurs.

 

L’indépendance vis-à-vis des marques est très importante pour Yuka. Quel est votre modèle ?

Pour le moment, nous avons deux principales sources de revenus : notre programme de nutrition (payant et déconnecté de l’application) qui fournit les bases d’une alimentation saine, mais aussi les dons et contributions financières des utilisateurs. C’est ainsi que nous parvenons à rémunérer nos premiers salariés. La prochaine étape sera de monétiser l’application. Yuka continuera à être gratuite mais nous allons proposer une version « premium » payante, permettant d’accéder à de nouvelles fonctionnalités (barre de recherche, alertes personnalisables, possibilité de scanner sans réseau, etc.)

Yuka Les Confettis Talent Julie Chapon

Yuka Julie Chapon Les confettis

Y a-t-il des femmes qui vous inspirent ?

Joséphine Bouchez et Adèle Galey, deux des cofondatrices de l’association Ticket for Change. Leur mission consiste à « activer des talents » pour transformer la société par l’entrepreneuriat et l’intrapreneuriat. C’est vraiment top. Leur conviction : il est possible d’allier business et mission porteuse de sens. C’est précisément la vision dans laquelle s’inscrit Yuka : réconcilier business et impact social. Je citerais également la journaliste Lauren Bastide. J’écoute régulièrement ses podcasts (La Poudre, podcast d’interview de femmes, ndlr). J’aime beaucoup son engagement en faveur des femmes.

 

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent devenir entrepreneur ?

Il n’y a pas une façon unique de faire ! J’aurais tendance à conseiller aux jeunes entrepreneurs de créer très vite un prototype. Ne pas trop intellectualiser sa stratégie au départ : plutôt que de réfléchir au site, se lancer dans des maquettes du site. La phase de réflexion doit rapidement laisser place au concret, pour ensuite permettre d’affiner le projet.

 

En quelques chiffres :

 

– Plus de 5 millions d’utilisateurs depuis le lancement de l’appli en janvier 2017
– 250 000 produits alimentaires référencés et analysés
– 1 million de produits scannés par jour
– 25 scans par seconde en moyenne sur la journée
– Une évaluation 100 % indépendante sur 3 critères : la qualité nutritionnelle, la présence d’additifs et la dimension biologique

 

Retrouvez dans son intégralité l’interview de Julie Chapon
dans le Volume 5 des Confettis, toujours disponible.

Propos recueillis par Angèle Pellicier – Photos © François Rouzioux pour Les Confettis