Phi 1.618, maroquinerie juste et élégante
Juliette Angeletti, fondatrice de la marque de maroquinerie responsable et française Phi 1.618 nous conte l'histoire de ses créations riches de justesse.
Juliette, vous êtes la fondatrice de la marque de maroquinerie Made In France et éco-responsable Phi.1618. Avant de vous lancer dans cette aventure entrepreneuriale et artisanale, vous avez exercé dans le droit international mais également dans les médias. Racontez-nous votre cheminement jusqu’à Phi 1.618 ?
Mon parcours… Il a été varié, c’est certain, mais je pense que la ligne directrice entre mes études et les différents métiers que j’ai occupés est la façon dont je les aborde. J’aime le défi intellectuel et les choses « justes ». L’injustice me révolte et le droit était un choix tout à fait naturel pour moi. Après avoir étudié dans différents pays (France, Angleterre et Autriche), j’ai exercé quelques années en tant que juriste puis comme mon métier ne me nourrissait plus de la même manière et j’ai saisi une opportunité de découvrir le secteur des médias. Le droit forme l’esprit et cela crée des ponts entre les différents métiers. J’ai occupé plusieurs postes chez Prisma Media, en presse comme en digital, côté publicité, marketing, recherche & développement ou éditeur. En parallèle, j’ai toujours créé manuellement. J’ai fait beaucoup de couture, du dessin, j’ai travaillé l’encre aussi dont j’aime le côté « irréversible ». Puis le travail du cuir et la maroquinerie ont eu ma préférence. J’ai passé mon CAP et suis devenue artisan d’art. La création de Phi 1.618 était la suite logique de toutes les idées de modèles que j’avais.
À quoi fait référence le nom de la marque : Phi 1.618 ? Pourquoi cela fait-il particulièrement sens pour vous ?
Quand j’ai découvert le nombre d’or, cela a été une évidence, une révélation et la confirmation du lien entre la beauté de la nature et les créations de l’homme. Le nombre d’or est utilisé depuis l’Antiquité dans l’architecture, l’art et la science, mais c’est à la Renaissance italienne qu’il a été le plus utilisé par des artistes comme Léonard de Vinci ou Botticelli. Le nombre d’or est l’élément qui inspire véritablement toutes mes créations. De la ceinture signature qui se noue comme la lettre grecque Phi, aux formes de mes sacs, tout est parfaitement mesuré et prototypé en fonction de ce nombre d’or.
Comme nous le disions, votre marque incarne certaines valeurs. Pour vous, un produit ne peut être parfait sans une production éthique et raisonnée ?
Chez Phi 1.618, nos valeurs sont la considération, l’exigence et l’audace. La considération s’exprime dans notre volonté de valoriser les artisans français, d’être très à l’écoute de notre cliente et de protéger la planète. L’excellence se traduit par la qualité de nos créations et leurs caractéristiques durables et qualitatives, et enfin, notre audace est celle de créer une nouvelle marque de maroquinerie de luxe même en sachant combien le marché est «difficile ». Créer une gamme de produits inspirés par la nature mais ne pas respecter la nature dans la fabrication aurait été incohérent. Nous faisons de notre mieux pour être le plus éco-responsables possible, mais parfois les infrastructures n’existent tout simplement pas encore. Nous sommes fiers de créer de beaux produits en soutenant les artisans français et en sourçant nos cuirs sur des stocks dormants de grandes maisons de luxe, qui étaient détruits auparavant. Nos cuirs sont tannés en France pour leur qualité et aussi pour réduire notre empreinte carbone.
Vous aimez la création sous toutes ses formes. Qu’est-ce qui vous anime tant dans la maroquinerie ? Pourquoi ce savoir-faire là plus qu’un autre ?
Ce que j’aime dans la maroquinerie, c’est bien sûr le fait de travailler avec mes mains, mais aussi la réflexion et l’intention qui se cachent derrière chaque produit. Le cuir est un matériau très durable, mais selon le grain, le tannage et la teinte, il peut être facilement marqué et abîmé. Lorsque vous créez avec du cuir, vous devez être très présent et concentré. On fait abstraction de ce qui se passe autour. Une fois que le cuir est percé d’un trou, celui-ci ne disparaitra plus. J’aime ce côté irrémédiable et exigeant. J’aime aussi que le cuir soit aussi un matériau vivant et qu’il ait des imperfections naturelles, qu’il change aussi au fil du temps. Cette rigueur et cette flexibilité à travailler avec cette matière est très enrichissante.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre processus créatif, de l’idée jusqu’au produit terminé ? Où puisez-vous l’inspiration d’ailleurs ?
Le nombre d’or est ma cour de (ré)création et j’ai la chance de créer plutôt facilement. Marcher dans Paris m’inspire, m’oxygène l’esprit. Le nombre d’or se trouve dans tant de d’éléments de la nature et parfois les plus petites choses, comme la façon dont une fleur pousse, peuvent m’inspirer une nouvelle création. J’ai voyagé et j’aime les cultures différentes, leur art tel que l’origami sont aussi une grande source d’inspiration. Une fois que l’idée a germé, elle se matérialise très vite, je réalise 2 ou 3 prototypes puis les optimise grâce à des avis de pairs, de collaboratrices, de clientes.
Aujourd’hui, quelles sont vos ambitions ?
J’aimerais que, d’ici quelques années, Phi 1.618 soit reconnu par les grandes maisons comme une jeune marque qui prouve que l’on peut faire du luxe et être éco-responsable.
À suivre
Balbosté, poésie culinaire