Soraya Khireddine, experte digitale
La fondatrice du média de décryptage digital Influenth, Soraya Khireddine, éclaire notre vision des réseaux sociaux et de la e-reputation. Passage en revue des bons déclics !
Selon vous Soraya Khireddine, une marque peut-elle encore croître aujourd’hui sans passer par les canaux digitaux ?
Le secteur de la publicité a été contraint de s’adapter à la marche forcée du digital qui a bouleversé tous les codes de communication habituels. Si les canaux digitaux représentent une opportunités à saisir de communiquer de façon innovante pour les marques et d’obtenir une visibilité accrue en un temps record, ils sont aujourd’hui un prérequis sans lequel il devient difficile de communiquer.
Pendant longtemps, un site Internet avait surtout le rôle de vitrine. Aujourd’hui, est-ce toujours le cas ?
Le site Internet permet à la marque de promouvoir son activité. Pour une marque, peu importe sa taille, il est primordial de créer soit un site vitrine soit un site e-commerce. La présence en ligne est essentielle. Si les deux types de sites sont souvent confondus dans les esprits, d’importantes différences sont à constater : l’un va servir un objectif de notoriété en présentant simplement la marque et son univers tandis que l’autre va servir de levier pour la vente, il s’agit du site marchand (site e-commerce) ou de la dénommée « boutique en ligne ».
Y-a-t-il des clés pour acquérir une bonne e-reputation ? Y-a-t-il des erreurs à ne surtout pas commettre ?
Anticiper. La clé pour acquérir une bonne e-reputation c’est d’anticiper toutes les situations et les prises de parole qui y seront associées. Anticiper une situation de crise potentielle c’est identifier les signaux annonciateurs sur les réseaux sociaux et s’offrir une certaine marge de manœuvre pour répondre de façon adéquate à son audience.
Avec des réseaux comme Instagram et Pinterest qui proposent un flot de contenus inspirationnels en continu, ne va-t-on pas vers un « burn out » de l’inspiration ?
Je ne pense pas que les réseaux sociaux soient responsables du manque d’inspiration de tout à chacun. Ce sont les utilisateurs qui sont à l’origine de cette uniformisation. Prenons l’exemple d’Instagram. La seule chose qu’Instagram a imposé c’est le format carré, pour finalement l’abandonner l’an dernier et permettre aux utilisateurs de poster des vidéos, des photos de tous les formats. Ce sont les utilisateurs qui sont à l’origine des contenus et de l’uniformisation des goûts, ne l’oublions pas.
Qui des journalistes ou des influenceurs ont le plus d’impact aujourd’hui ? Est-ce le même type d’impact ?
Influenceurs et journalistes n’ont pas les mêmes objectifs et ne rencontrent pas les mêmes problématiques. C’est la raison pour laquelle ces deux mondes doivent coexister, et qu’il est important, plus que jamais, que journalistes et influenceurs remplissent leurs rôles respectifs. Le secteur de l’influence reste un écosystème régi par les marques. Le rôle premier des influenceurs et des journalistes n’est pas le même. Les uns vont chercher à persuader leurs cibles tandis que les autres vont chercher à la convaincre. Les influenceurs, via le marketing d’influence, ont pour vocation à faire vendre en cherchant à persuader. Nous sommes dans le registre de l’émotion. Au contraire, les journalistes, grâce aux relations presse, ont pour but de faire sens pour convaincre, nous sommes dans le registre de la raison.
Aujourd’hui Instagram est le réseau social où tout se joue, et demain ?
Que ce soit pour une marque ou pour un individu, tout ne peut pas se jouer sur un réseau social. Les désabonnements des réseaux sociaux se multiplient : confidentialité sur Facebook, violence des échanges sur Twitter, uniformisation sur Instagram… Les raisons de quitter les réseaux sociaux sont de plus en plus nombreuses. Dans le même temps, la tendance du « slow » prend de plus en plus d’importance. On se déconnecte pour se réapproprier son bien-être pour apprendre à se ressourcer.
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À suivre
Julie Chapon, co-fondatrice de Yuka