Enchanteresse Susan Oubari
Auparavant agent de photographes dans la sphère survoltée de la mode, Susan Oubari est désormais coach spirituelle, guide « breathwork » et maître reiki. Elle raconte.
Susan, vous êtes aujourd’hui coach spirituelle, guide « breathwork » et maître reiki. Autant de vocations qui nous feraient presque oublier que vous avez occupé de nombreux postes à responsabilités dans l’univers de la mode auparavant. Avez-vous l’impression d’avoir eu deux vies ?
Nous n’avons qu’une vie. C’est pour cela qu’il faut la vivre au mieux, être présent dans cette vie. Pour autant, dans cette vie, nous pouvons avoir plusieurs chapitres, voire des centaines de chapitres. Si l’on veut faire l’analogie avec l’idée du chemin, on peut tout à fait dire qu’il est possible de prendre de nombreuses directions dans sa vie. Aller à gauche, à droite, filer tout droit puis revenir sur ses pas, prendre un virage un peu trop rapidement puis choisir de suivre la voie qui n’est pas toute tracée. Chaque expérience que l’on fait nous enrichit et nous permet de mettre de la nuance dans notre évolution. Rien n’est jamais noir et blanc. Ainsi, il est normal d’avoir plusieurs passions dans une seule vie. La mode était une véritable passion pour moi, c’était mon rêve d’enfant. Je collais les pages des magazines Vogue, Elle et Marie Claire sur les murs de ma chambre. J’étais transportée par les articles que je lisais. Et j’ai transformé ce rêve en réalité en travaillant une dizaine d’années dans l’univers de la mode. Mais les rêves peuvent changer et évoluer au fil de notre parcours. Il faut avoir la résilience de l’accepter et aller de l’avant en prenant le risque de ne pas savoir ce que l’avenir nous réserve. C’est comme cela qu’on se réalise et que l’on développe pleinement notre potentiel.
Vous avez créé votre propre « mouvement » spirituel et physique, votre propre méthode d’apaisement qui est un mélange de breathwork et de reiki, sur un fond musical inspirant. Quelle est votre approche avec Breathe in Paris ?
Breathe in Paris est un atelier collectif où j’accompagne les élèves afin qu’ils se libèrent de leurs peurs. C’est un espace sécurisé où j’invite les gens à lâcher prise : un sanctuaire où l’on s’autorise à ressentir ses émotions. C’est une invitation à exprimer sa colère, sa tristesse, sa déception pour être face à soi-même, mais en collectivité. Il y a également une dimension physique car il y a une part de sport dans cette pratique. Les quatre piliers de Breathe in Paris sont la respiration, le reiki, la pleine conscience et la réception.
Comment cela se déroule ?
On commence le cours en partant d’un thème. Chacun se questionne autour de ce thème, puis on laisse son mental au repos et on passe à la pratique. L’atelier dure 2h30. La première heure est réalisée en position assise puis les élèves s’allongent, ferment les yeux et posent une couverture sur eux. Ce sont des instants de relaxation. Ensuite, on enchaîne sur des exercices de respiration par le nez, avec un travail de cohérence cardiaque. La musique est calée sur le rythme de la respiration. Quand la troisième chanson débute, on passe à la pratique du breathwork. C’est une technique de respiration par la bouche qui vous met dans un état de conscience modifiée. Les musiques qui suivent le breathwork sont variées et contrastées pour susciter un maximum d’émotions. J’invite mes élèves à visualiser leurs émotions sur des enchaînements musicaux atypiques : une chanson d’Adèle peut être suivie par du Vivaldi ou de la musique planante.
Enfin, les quinze dernières minutes sont dédiées à la relaxation. C’est à ce moment-là que l’esprit se libère. C’est similaire à un état de transe. Le cortex préfrontal s’éteint et laisse le champ libre à une autre partie du cerveau qui ne s’exprime pas d’habitude. Au-delà de l’aspect spirituel, il faut souligner que c’est une expérience très intense et physique. Dans une certaine mesure, lors de la pratique, nous entrons en hyperventilation, ce qui peut causer des réactions de stress. En effet, le cerveau n’est pas habitué à un tel travail d’oxygénation et peut réagir de façon surprenante. Mais justement, tout l’intérêt de la pratique réside dans cet enjeu : faire taire le cerveau pour se libérer de ses peurs cristallisées.
Comment avez-vous découvert le breathwork ?
J’ai découvert la pratique du breathwork en m’éloignant un peu du reiki. En arrivant à Paris, je souhaitais faire une pause. Je savais à quel point le reiki m’avait aidée à trouver une paix intérieure, mais j’avais l’impression de m’essouffler. Depuis 2011, j’essayais de monter un business autour du reiki et ça ne prenait toujours pas pleinement. C’était éreintant. Je suis partie en voyage quelque temps à Los Angeles et j’ai découvert le breathwork là-bas. Au moment où j’avais enfin lâcher prise avec le reiki. Le breathwork a été une véritable révélation. Ça m’a tellement aidée à soulager mes traumatismes que j’ai voulu faire une session de formation tout de suite. Je les ai d’ailleurs enchaînées, j’ai beaucoup pratiqué et j’ai commencé à donner des cours gratuits à mes élèves, à Paris. J’ai par la suite été sollicitée par une amie pour organiser un cours collectif sur la Place des Vosges. J’ai accepté sans même y réfléchir ! C’est ça aussi le pouvoir du breathwork : grâce à lui, on dit oui à des possibilités que l’on aurait déclinées auparavant. À la suite de ce cours, une élève m’a proposé de réaliser un autre cours, mais au Centre Élément cette fois. J’ai, là encore, accepté et je me suis retrouvée en face de 17 personnes. C’était une énergie inédite ! J’ai tout de suite décidé d’appeler ce cours Breathe in Paris. Paris est une ville tellement inspirante : ce sont les hauts et les bas, les émotions, les protestations, les lumières.
Quel cheminement vous a guidée vers celle que vous êtes aujourd’hui ?
L’année de mes 35 ans, en 2005, j’ai fait un burn-out et c’est véritablement à ce moment-là que ma passion pour la mode s’est confrontée à mon éveil spirituel. J’avais un pied dans l’univers de la mode et l’autre dans ma pratique du reiki, de la méditation et du yoga. Je jonglais entre mon métier d’agent de photographes fait de défilés, de journées à courir en talons, d’entretiens avec des mannequins, de tequilas et ma quête de bien-être intérieur rythmée par mes pratiques spirituelles. C’était très dur pour moi car j’étais sans cesse sous la pression de la productivité, tout en ayant parfaitement conscience de la nocivité de ce mode de vie. Je ne parvenais pas à trouver l’équilibre. Dès que j’essayais de parler à mon entourage de ce que je ressentais, je pleurais. Et puis, il y avait ce problème d’étiquette. Je m’identifie comme une personne de la mode. Et pour moi, il était antinomique à l’époque qu’une femme du monde de la mode puisse être autre chose qu’une fashionista. L’approfondissement de ma pratique du reiki m’a permis de, petit à petit, mieux accepter ces deux parties de moi.
Il y a eu des déclics ?
Quelques années après le burn-out, en 2012, j’ai fait une réelle rupture avec la mode. Je m’apprêtais à déménager à Vancouver et j’en avais assez de cet univers. J’ai vendu mes robes, mes chaussures et mes sacs car je ressentais du dégoût en les voyant. À ce moment-là, je sentais que le reiki prenait de plus en plus de place. Même si personne autour de moi, pas même mon mari, ne croyait en cette pratique et à son impact sur mon bien-être, j’étais de plus en plus en phase avec mes valeurs. D’ailleurs, je dois beaucoup aux personnes qui n’ont pas cru en ce « moi spirituel » car elles m’ont permis de trouver la force d’y arriver sans soutien, sans le regard des autres. Arrivée à Vancouver avec mon mari et mes deux filles, je me suis complètement consacrée au reiki : je ne voulais pas du tout que les gens soient au courant de mon passé dans la mode. J’ai aménagé mon sous-sol en studio, j’y accueillais mes élèves. Ce n’était pas évident, je ne connaissais personne. Je devais aller à la rencontre des gens, me vendre. C’était très compliqué pour moi, c’est pour cela que j’ai pris un coach. C’est elle qui m’a dit que c’était une erreur de cacher mon passé et cette partie de moi. Elle m’a aidée à me présenter à mes élèves et par la même occasion, à mieux me définir. À partir de ce moment-là, j’ai commencé mes cours en disant : « Bonjour, je m’appelle Susan Oubari, je suis maître reiki et fashionista repentie. Je suis ici pour vous aider à gérer vos émotions et votre stress car je ne sais que trop bien ce que ça implique. »
Vous dites que le reiki vous a permis de trouver une paix intérieure. Tout le monde peut-il trouver sa paix intérieure selon vous ?
Encore faut-il que la personne le souhaite réellement. Il est impossible de trouver la paix sans travailler pour, sans se remettre un minimum en question. Il faut s’avoir s’arrêter, faire une introspection et s’éloigner du regard des autres. La paix résulte d’un choix. Il faut aussi garder en tête que la paix n’est pas un état constant. La paix ne signifie pas que l’on est heureux et soulagé tout le temps. C’est comme l’océan. Parfois il est tranquille, parfois il est agité. La paix est un équilibre de vie qui nous permet d’être pleinement en liberté. La paix c’est accepter qu’il existe de nombreuses choses hors de notre contrôle et s’adapter. Cela demande une certaine confiance en la vie et en l’univers.
Comment, justement, parvient-on à entretenir cette confiance ? Ce n’est pas facile, d’autant plus dans une période troublée comme celle que nous vivons en ce moment…
Je pense que l’on peut déjà débuter par des rituels à faire chaque matin au réveil. Commencer la journée dans la gratitude, en remerciant l’univers pour notre souffle, notre forme, notre existence est un bon moyen de prendre conscience de toutes les chances qui nous sont données, sans même que l’on s’en aperçoive. Nous avons la responsabilité de notre énergie. Notre énergie positive peut encourager et inspirer l’énergie des autres, c’est important de le garder à l’idée.
Ensuite, je crois qu’il faut changer de façon de voir les choses. Même si c’est dur, je pense qu’il faut percevoir chaque évènement comme une opportunité. Aujourd’hui, nous ne sommes plus connectés au présent. Nous sommes soit dans le passé car nous regrettons intensément la « vie d’avant » soit dans le futur en se questionnant sur ce qui va ou non se passer demain, après demain, dans dix jours. Or, je crois que la situation actuelle est idéale pour justement apprendre à vivre plus au présent, à apprécier les petites choses essentielles qui nous font du bien. C’est aussi une période propice à l’épanouissement de notre créativité. Puisque nous n’avons plus la possibilité de faire les choses dont nous avions l’habitude, il est intéressant de créer de nouvelles habitudes.
Avez-vous la sensation d’avoir trouvé votre équilibre personnel aujourd’hui ?
Oui, j’ai l’impression. Du moins j’ai plus de clés qu’il y a 15 ans. Mon cheminement m’a permis de me libérer de ces émotions qui me dévoraient. Grâce à mes pratiques, j’ai pu retrouver un calme intérieur que j’avais perdu. Je suis beaucoup plus patiente avec mes enfants et mon mari et je prends des décisions en conscience. Je ne fais plus mes choix par dépit. Cela ne veut pas dire que je m’arrête de progresser ! Je sais que je vais continuer de changer et d’apprendre sur moi. Les critiques constructives autour de moi me permettent aussi de m’améliorer.
En octobre est sorti votre livre Breathwork : respirez pour changer, pouvez-vous nous en parler un peu plus ?
J’ai écrit ce livre en duo avec l’ex-journaliste beauté/bien-être Émilie Veyretout, pendant le confinement. Tout a commencé il y a plus d’un an, quand Émilie a réalisé une interview de moi pour Le Figaro. L’article a rencontré beaucoup de succès et Émilie s’est rapprochée de moi afin de savoir si je pouvais être intéressée à l’idée d’écrire un livre. J’ai réussi par l’intermédiaire d’un élève à moi, le journaliste Xavier De Moulins, à entrer en contact avec l’éditeur Flammarion. La maison d’édition était très enthousiaste quant à la publication d’un bouquin sur le breathwork et nous avons donc commencé l’écriture avec Émilie. Il s’agit d’un livre qui s’apparente à une boîte à outils. Nous donnons beaucoup de conseils et de techniques pour méditer et mieux respirer. Il y a également des décryptages sur différentes notions comme le bien-être. Dans chacun des chapitres, je donne les étapes d’une séance de breathwork en fonction d’un thème comme les relations toxiques, la sexualité, la transformation, etc. C’est vraiment très complet.
Quels sont vos projets pour la suite ?
Juste avant la sortie du livre, j’ai été filmée par la journaliste Stéphanie Brillant qui réalise un long-métrage sur le breathwork. On verra en fonction de l’évolution du Covid-19 comment ce projet pourra aboutir. Je suis également en plein travail afin de pouvoir ouvrir ma propre école de breathwork en 2021. Nous réfléchissons avec mes assistantes, mon agent et mon attachée de presse à tous les moyens de mener à bien cette démarche. J’aimerais que le breathwork connaisse le même essor que le yoga car c’est vraiment une pratique transformative. Des collaborations sont également prévues. Enfin, je vais – si tout va bien – organiser une retraite de trois jours, en février, avec Lumina Travel.
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Susan Oubari dans le Volume 9
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À suivre
Anne Williamson, fondatrice de Nos Chers Enfants